Encore une famille de requérants d'asile qui risque l'expulsion

Une histoire singulière de plus qui vient noircir le livre de la honte. Un drame familial de plus qui vient nous rappeler si besoin était la nature profondément inhumaine de notre législation en matière d’asile. Face à ce racisme d’Etat, une seule solution, organisons-nous !

Un groupe qui forme bloc autour d’une famille menacée d’expulsion, c’est cette image de résistance que nous voudrions multiplier contre les abus de la politique d’asile. Ce 14 juillet, des mi­li­tant·e·s du droit d’asile ont déposé à la Chancellerie une pétition munie de 900 signatures récoltées en 6 semaines, sous l’impulsion d’Anne Divorne, voisine de la famille Alassani et citoyenne responsable.

Cette famille togolaise, qui compte le père, la mère et quatre enfants, dont trois nés à Genève, se trouve dans notre canton depuis dix ans. L’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM) a proposé à M. Alassani – qui a toujours travaillé tant qu’il y était autorisé – un permis B humanitaire à condition qu’il renvoie sa famille au Togo pour demander ensuite le regroupement familial, ce qu’il a refusé, sa femme ayant également demandé l’asile. Sous la dictature d’une même famille depuis 50 ans, le Togo vit une situation reconnue de violence institutionnelle. Débouté, en pleine procédure de réexamen, M. Alassani a été arrêté dans les locaux de l’OCPM, où la famille doit pointer chaque semaine. Il a été emprisonné puis emmené en fourgon cellulaire à Berne pour y rencontrer des délégués de l’autorité togolaise en vue de son renvoi et celui de sa famille. L’avocat de M. Alassani ayant porté plainte contre cette rétention administrative, le Tribunal administratif a jugé celle-ci disproportionnée, vu l’absence de risque de fuite. La famille demande une nouvelle fois un permis B humanitaire. En avril 2014, contre toute attente, ce permis leur est refusé. Depuis, c’est l’angoisse pour la famille, l’absence d’autorisation de travail, les visites hebdomadaires à l’OCPM, les troubles de développement pour les enfants.

La pétition, lancée pour s’opposer à cette situation inacceptable, demandant l’octroi d’un permis B humanitaire sera examinée le 28 août par le Conseil d’Etat. Faute de pouvoir faire changer les lois sur l’asile dans le contexte actuel, regroupons-nous autour de situations individuelles en blocs de résistance !

Comme en 1973-74, quand des individus, des groupes, des associations de la société civile s’étaient unis, en opposition à la politique suisse, pour offrir des places d’accueil aux réfugiés chiliens. Le film récent La Barque n’est pas pleine de Daniel Wyss nous le rappelle. Pareillement, des appels commencent à poindre pour reconstituer un mouvement de places d’accueil gratuites pour des Syriens. Suivons ces exemples et mobilisons-nous, car aucun être humain n’est illégal !

 

Maryelle Budry

membre du Comité d’ELISA-ASILE