«Sauvez l'or de la Suisse»

«Sauvez l'or de la Suisse» : Une initiative chauvine et anti-État social

L’initiative de l’UDC « Sauvez l’or de la Suisse » demande que la Banque nationale suisse (BNS) détienne au moins 20 % de ses actifs en or, que celui-ci ne puisse jamais être vendu et qu’il soit détenu en totalité en Suisse même. Si l’initiative était acceptée, la BNS devrait quasiment tripler ses réserves d’or, qui s’élèvent actuellement à 1040 tonnes et valent environ 38 milliards de francs. En outre, une fois constituée, elle aurait l’interdiction de revendre cette montagne de lingots.

Cette initiative est d’abord une entreprise hautement idéologique : elle vise à renforcer dans la population un repli nationaliste en jouant sur les nombreux fantasmes, mythes, espoirs et peurs suscités par le mot magique « or », tout en présentant l’UDC comme l’unique défenseur de ce veau qu’elle fait passer pour « la fortune du peuple suisse ». Le mot d’ordre même de l’initiative « Sauvez l’or de la Suisse » (comme si ce dernier était menacé !) en témoigne. Il s’agit, une fois de plus, de conforter l’image de la Suisse en tant qu’îlot assiégé de toutes parts, dont le salut ne peut venir que de la formation d’un réduit national arc-bouté sur ses coffres remplis de lingots.

L’initiative poursuit un deuxième objectif plus concret. Si la BNS doit acheter et conserver à jamais des quantités massives d’or, ses bénéfices vont sensiblement diminuer. Or, l’UDC est à la pointe du combat mené par l’ensemble de la bourgeoisie helvétique afin de réduire et, si possible, de supprimer tout financement de la Confédération et des cantons en provenance de la Banque centrale. Le but final étant, par cette politique des caisses vides, de démanteler l’Etat social.

 

Un or acquis grâce à l’exploitation

Il est donc clair qu’il faut dire « non » à l’initiative de l’UDC. Les réserves d’or actuelles de la BNS sont déjà très élevées en comparaison internationale et n’apportent aucun avantage à la grande majorité des salarié·e·s. Elles devraient être vendues sans tarder. Le produit de la vente devrait être utilisé, en petite partie, pour le financement de l’AVS et de l’assurance-invalidité. La majeure partie devrait financer des projets d’aide à un développement socialement et écologiquement juste dans les pays pauvres. Un mot pour justifier ce dernier point : les réserves d’or de la BNS sont en large partie constituées à partir des revenus dégagés grâce au rôle international que joue le franc suisse, autrement dit en raison du fait que la BNS peut s’approprier une fraction de la plus-value produite par l’exploitation des tra­vail­leur·euses à l’échelle mondiale. Dès lors, ces réserves de la BNS ne constituent qu’en faible proportion « la fortune du peuple suisse », comme le martèle pourtant l’UDC. Dès lors, l’internationalisme le plus élémentaire voudrait que la majeure partie du produit de la vente de cet or revienne aux populations démunies de la planète.

 

Sébastien Guex