Italie

Italie : Une société liquide

Matteo Renzi poursuit sa politique alors que l’Italie s’enfonce dans une crise socio-économique sans précédent. Son objectif n’est pas seulement d’appliquer à l’Italie les cures d’austérité préconisées par l’UE, mais de revendiquer un véritable tournant historique en mettant « un terme définitif au modèle social » des Trente glorieuses.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : six millions de pauvres, un secteur public décimé (– 7 % en cinq ans) et 3,13 millions de chô­meurs·euses déclarés, soit un taux d’environ 13 % qui atteint 44 % pour les jeunes de moins de 24 ans. Si l’on ajoute celles et ceux qui ont cessé de chercher du travail (quelques 3 millions de personnes) et les travailleurs.euses en sous-­emploi, ce taux atteint 30 %…

Les attaques les plus dures visent le marché du travail en supprimant les droits et les protections dont les sa­la­rié·e·s disposent encore. Le Job Act, adopté au Sénat ces derniers jours contre vents et marées donne à l’entreprise un pouvoir discrétionnaire sur les modalités d’engagement et de licenciement; ainsi en est-il de l’abolition de l’article 18 du Code du travail, considéré comme un «totem idéologique» des années 1970 par Matteo Renzi, qui protégeait les tra­vail­leurs·euses contre les licenciements abusifs et imposait leur réintégration. Elles visent aussi les conditions de travail au sein de l’entreprise, avec à la clé la réduction toujours plus marquée des salaires. Cette libéralisation du travail va de pair avec la privatisation des services publics et d’une partie du patrimoine national.

Et pourtant, aucun mouvement social d’envergure ne s’est pour le moment opposé aux attaques orchestrées par une bourgeoisie italienne qui se débarrasse sans relâche des derniers restes du Welfare state. Pour le moment rien ne semble perturber la marche de Matteo Renzi et de sa politique, plébiscitée par Bruxelles. Pourquoi d’ailleurs en serait-il autrement ? Les 41 % obtenus par le Parti démocrate aux dernières élections européennes donnent au chef du gouvernement l’assise électorale dont il avait besoin pour achever la mutation du PD en un parti à l’américaine, qui perd certes l’essentiel de ses membres (passant de 500 000 membres en 2013 à moins de 100 000 en 2014), mais au profit d’un fundraising bien garni. SP