Manifestation contre les accords de libre-échange

Manifestation contre les accords de libre-échange : Un succès encourageant

Samedi 11 octobre, une journée Européenne d’action était prévue pour protester contre les accords TISA (Trade in Services Agreement), TAFTA (Transatlantic Free Trade Area) et CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement). Dans ce cadre, une manifestation était organisée à Genève. Elle a rassemblé 2500 personnes, dont une présence significative de camarades venus de France.

Ce succès est d’autant plus important que l’appel à la manifestation a été répandu relativement tardivement. Il confirme l’inquiétude de larges couches de la population vis-à-vis de ces accords.

L’un des éléments dominants du discours – et des pancartes – des ma­ni­fes­tant·e·s, était le refus du «diktat des multinationales». Ces accords sont en effet négociés dans une opacité totale. Hormis les dirigeants politiques, les seules personnes prenant part aux discussions se limitent aux représentants de grandes entreprises. A ce titre, il est particulièrement parlant de constater le silence de l’extrême droite, et en particulier de l’UDC, pourtant si prompte à dénoncer la « dictature » des accords internationaux… du moins lorsqu’il s’agit des droits humains.

 

Un combat pour plus de démocratie

 

La manifestation était donc un combat pour plus de démocratie, mais aussi un refus clair et net du libre-échange et de la libéralisation des services publics : «tout ça pour leur pognon!» pouvait-on ainsi entendre. Les par­tici­pant·e·s étaient d’ailleurs nom­breux·euses à souligner l’opposition qui existe entre les intérêts des multinationales et ceux de la majorité de la population.

Le succès de la mobilisation est  encourageant. Toutefois, le manque d’information sur le sujet reste de mise pour la majorité. De nombreuses personnes n’ayant tout bonnement jamais entendu parler de TISA ou TAFTA. Cette situation est inquiétante, d’autant que ces accords, s’ils étaient ratifiés et appliqués, auraient des conséquences sur la vie quotidienne de la population. 

A ce titre, on ne peut que déplorer la faiblesse de la couverture médiatique. L’ATS, reprise par de nombreux médias, a annoncé «près de 500 personnes», ce qui est bien loin du compte ! La situation est la même dans le reste de l’Europe où les nombreuses actions organisées n’ont que rarement trouvé un écho dans les médias. C’est donc à nous, celles et ceux qui se sont mo­bi­lisé·e·s ces derniers mois, qu’incombe la responsabilité d’informer la population sur le contenu de ces accords, du moins sur ce que nous en savons.

 

 

Une mobilisation transfrontalière

 

La présence significative de ma­ni­fes­tant·e·s venu·e·s de France (en particulier de la Haute-Savoie, de l’Ain et du Pays de Gex) pour défiler à Genève est un élément réjouissant. Face à ces offensives généralisées et organisées internationalement, une protestation désarticulée et recroquevillée dans les frontières nationales est naturellement vouée à l’échec. C’est la raison pour laquelle les accords TAFTA et CETA étaient tout aussi dénoncés que TISA, malgré le fait que la Suisse ne soit qu’indirectement touchée par les deux premiers.

L’ampleur de la manifestation est donc un phénomène encourageant, mais elle ne suffira pas en soit à faire capoter les accords. La mobilisation doit continuer et s’inscrire dans la durée. Puisque les dirigeants ont visiblement décidé de contourner la population pour lui imposer des traités néfastes, nous n’avons d’autre choix que de nous inviter dans le débat. Nous devrons le faire encore au cours des prochains mois, et bruyamment. 

Il faut aussi rappeler que la procédure visant à une libéralisation accrue des sociétés sans consulter la population est un tactique tendant actuellement à se généraliser. Pour faire barrière, non seulement à TISA, TAFTA ou CETA, mais aussi à leurs contenus, nous nous devons d’organiser une résistance plus large et plus constante, de renverser les rapports de force et de passer nous-même à l’offensive pour avancer notre modèle de société future. Sans cela, d’autres TISA-TAFTA-CETA verront le jour. Car ces accords ne sont rien d’autre que les conséquences logiques des dynamiques profondes du capitalisme.

 

Jean Burgermeister