La mort de Rémi n'est pas une «faute professionnelle», c'est bien plus que ça

L’affaire de la mort de Rémi Fraisse* connaît des rebondissements liés à une gestion particulièrement cynique des autorités. Récemment, une enquête administrative a déclaré que les gendarmes présents lors des affrontements ayant entraîné la mort du jeune militant n’avaient commis aucune « faute professionnelle ».

Cette affirmation a de quoi susciter l’indignation, on aurait effectivement été en droit d’espérer, qu’officiellement du moins, tuer ne fasse pas partie du métier de policier. Cependant cette conclusion est à double tranchant pour la police et les autorités la dirigeant. En effet, si la mort de Rémi n’est officiellement pas due à des erreurs personnelles des policiers, c’est donc que c’est bien le fonctionnement général de la police qui en porte la responsabilité.

De fait, réduire cet assassinat à une « bavure » – pour utiliser le sordide langage en vigueur dans ces cas – serait faux car cela signifierait faire l’impasse sur la formidable montée de la violence que le Testet a connu durant les mois précédant l’assassinat.

Les autorités, régionales comme nationales, étaient décidées à ne pas laisser s’installer « un nouveau Notre-Dames-des-Landes ». Pour empêcher la contestation contre le barrage elles ont pratiqué une répression implacable, couplée à une criminalisation des opposants (les Zadistes) assimilés à des casseurs. A la montée d’une contestation – hautement légitime face à un projet inutile et nuisible – les autorités n’ont répondu que par une fuite en avant vers toujours plus de violences policières.

La mort de Rémi Fraisse est la conséquence – dramatique mais « logique » – de cette escalade découlant en dernière instance de choix politiques dont la source est au sein du gouvernement. Mais l’élargissement de la critique ne doit pas masquer les responsabilités individuelles qui existent à tous les niveaux, que ce soit dans la police, les autorités régionales ou le gouvernement national. Une vraie enquête établissant les responsabilités des uns et des autres devrait être donc menée rapidement.

Mais il est toujours plus difficile d’accorder une quelconque confiance à des autorités qui ont jusqu’ici brillé par leur cynisme et leur malhonnêteté. Dès le début, tout a été mis en œuvre pour étouffer l’histoire (le gouvernement a attendu plus de 48 heures. pour communiquer) ensuite pour nier la responsabilité de la police et enfin pour réprimer et discréditer les mobilisations de solidarité avec Rémi.

Les propos de Thierry Carcenac, président du conseil général du Tarn, sont particulièrement emblématiques : il a déclaré «Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête». Vivre avec les idées de cet individu ne doit pas être particulièrement brillant.

 

Jean Burgermeister

 

————————————

* Voir Editorial du solidaritéS nº 257 « Violence d’État à Sivens Ils ont tué l’un des nôtres ! »