Mobilisation contre le renvoi d'un cas «Dublin» à Genève

Mobilisation contre le renvoi d'un cas «Dublin» à Genève : Chronique d'une victoire

Lundi 30 mars, devant l’office cantonal de la détention, l’annonce du sursis d’Ayop Aziz est accueillie avec des cris de joie par les manifestant·e·s. Maudet a capitulé, Ayop peut rester ! 

Un soulagement pour celles et ceux qui ont participé à la très large mobilisation de soutien pour ce Tchadien de 19 ans menacé de renvoi forcé vers l’Espagne, sur la base de l’application des accords Dublin. Dans ce cas, les re­quérant·e·s sont renvoyés directement dans leur premier pays d’accueil. 

Victime de l’incendie de novembre passé au Foyer des Tattes à Genève et grièvement blessé à la tête, Ayop Aziz est toujours sous suivi médical et psychiatrique et en attente de la fin du procès, pour lequel il s’est porté partie civile, qui déterminera les responsabilités et les indemnisations du sinistre. Malgré cela, jeudi 26 mars, alors qu’il se rend au Tribunal pour être entendu, Ayop est arrêté et emmené à l’aéroport pour être expulsé vers Madrid.

 

 

David contre Goliath

 

Après l’incendie, les ha­bitant·e·s de Genève en colère avaient signé une pétition lancée par le Comité de solidarité avec les si­ni­stré·e·s des Tattes contre le renvoi des re­qué­rant·e·s de ce foyer, recueillant plus de 2200 signatures en quelques jours. Le 26 mars c’est une trentaine de mi­litant·e·s qui manifestent à l’aéroport leur indignation et tentent de bloquer l’expulsion d’Ayop. Malmenés par les forces de l’ordre, seule l’annonce du refus d’Ayop de monter dans l’avion, signifiant son transfert en prison genevoise, les convainc de quitter l’aéroport. Le même soir, un rassemblement est organisé, suivi d’une manifestation devant le Vieil Hôtel de Police.

Mais les manifestant·e·s restent en alerte; le conseiller d’Etat Pierre Maudet décide en effet de maintenir la décision du renvoi d’Ayop par « vol spécial », aux conséquences désastreuses, on s’en doute, pour sa santé fragile. Les vendredi et samedi suivants, un rassemblement se tient sur l’esplanade piétonne du Mont-Blanc. Samedi, les ma­ni­festant·e·s se rendent à la prison de la Favra où Ayop est détenu.

 

 

Victoire !

 

Le dimanche, alors que les ha­bi­tant·e·s du foyer et de Genève sont réunis autour d’un repas au foyer, l’annonce est faite que deux Conseillers d’Etat se sont désolidarisés de la décision de Maudet. Un nouveau rassemblement est organisé lundi matin sur la Plaine de Plainpalais, qui  se dirige ensuite vers l’office cantonal de la détention où Pierre Maudet tient une conférence de presse. Le sursis du renvoi d’Ayop est confirmé. Le jeune homme sera relâché le jeudi suivant, après avoir passé une semaine en détention.

L’important travail militant et les pressions politiques ont permis de remporter une grande victoire contre cette expulsion honteuse. Mais le combat continue aux côtés de celles et ceux qui, en Suisse romande et ailleurs, se battent contre une politique d’asile inhumaine et contraire aux droits fondamentaux. Il faut que cessent les vols spéciaux, les renvois Dublin, les bunkers et plus largement que la politique d’asile suisse soit profondément repensée.

A Genève, nous exigeons que le Conseil d’Etat réponde enfin à notre pétition et stoppe les renvois de l’ensemble des sinistré·e·s des Tattes afin que toute la lumière soit faite sur les responsabilités de l’Etat. Quant à Ayop, dès le 31 mars il n’était plus soumis au régime Dublin et a pu déposer une demande d’asile en Suisse. Nous continuerons à nous battre pour qu’il obtienne gain de cause.

 

Aude Martenot