Dix sièges sur 80 pour ensemble à Gauche au municipal en ville de Genève

Dix sièges sur 80 pour ensemble à Gauche au municipal en ville de Genève : Ticket uni avec Pagani pour le 2e tour à l'exécutif

Nous reviendrons sur les élections municipales genevoises pour un bilan plus complet dans un prochain numéro. Au lendemain du premier premier tour pour les exécutifs communaux (en effet c’est une nouveauté, pour Genève, que cette élection en deux tours) et de l’élection des conseils municipaux, on peut résumer la situation ainsi à gauche du PS.

Les listes Ensemble à Gauche n’ont pas atteint le quorum à Lancy, Vernier, Bernex. Elles étaient tout simplement absentes à Onex, Meyrin et surtout Carouge, avant tout faute de combattant·e·s, désireux de se lancer sur ce terrain de la politique municipale au plan institutionnel.

En Ville de Genève par contre, la situation est différente : malgré une campagne très dynamique et militante, caractérisée par un engagement considérable sur le terrain, en lien avec différents fronts de lutte, allant de la fiscalité au logement, en passant par les transports en commun et l’opposition au nucléaire, et une visibilité maximum de nos candi­dat·e·s, la liste Ensemble à Gauche a réalisé un score de 11,75 % revenant au niveau d’avant 2011, avec 10 élu·e·s au Conseil municipal, 5 femmes et 5 hommes, dont 7 membres de solidaritéS… si on considère que l’élection de la tête de liste Rémy Pagani est provisoire en attendant sa reconduction probable, mais non certaine, à l’exécutif. C’est 2 sièges de moins que les 12 que nous avions conquis.

 

 

Un recul modeste au municpal

 

Ce relativement modeste recul, est sans doute attribuable à différents facteurs : absence d’EAG à Carouge, aspiration de certains can­di­dat·e·s présents en 2013 vers le parlement cantonal, absence de l’enjeu du « retour au Grand Conseil » présent lors de la dernière élection, campagne « séparée » initiée à grand frais par une « composante » de la coalition EAG de manière unilatérale en faveur de « ses » can­di­dat·e·s, départ en campagne assez tardif et engagements multiples sur d’autres fronts importants… et bien sûr, l’ensemble d’un contexte politique et social, national et international, qui fait qu’une présence aujourd’hui à hauteur de plus de 10 % dans les urnes d’une formation à gauche du PS est déjà un exploit en Suisse.

Du côté gauche de l’échiquier, le PS a progressé de 3 sièges, mais les Verts avec lesquels il s’était allié dès le premier tour pour l’exécutif dévissent en perdant 3 sièges des 11 qu’ils occupaient auparavant. Globalement, la gauche et les Verts, déjà en minorité à 39 contre 41 lors de la dernière législature auront deux sièges de moins et se retrouveront à 43 contre 37, face à la droite et l’extrême droite (UDC, MCG). Du côté de celle-ci, l’UDC a reculé massivement, pour se retrouver à moins d’un demi-point du quorum de 7 % et de l’éviction du municipal, le MCG qui s’attendait à progresser n’a gagné aucun siège et reste à 11, le PLR est également stable. Les gains de la droite se réalisent grâce à une progression de 4 sièges du PDC qui vient largement compenser le recul de 2 sièges des blochériens. En fait, la situation se caractérise, principalement, par une certaine stabilité, avec un déplacement  modeste du centre de gravité à droite et vers le centre.

 

 

Un excellent premier tour pour Pagani

 

La catastrophe électorale prédite par certains, du fait de notre non-alliance de premier tour avec le PS pour l’exécutif, ne s’est pas produite. Au contraire, les Verts qui se sont collés au PS poursuivent leur descente des 15 élu·e·s en 2007, ils passaient à 11 en 2011 et descendent à 7 aujourd’hui. Pas de quoi se réjouir bien sûr. Pas de quoi pavoiser pour EàG bien sûr non plus, si nous avons conservé notre résultat de 2007, rappelons que dix ans avant cette date, à gauche du PS, on trouvait près de 28 % des voix, dont environ 12 % pour le seul PdT, qui ne contribue aujourd’hui malheureusement qu’à hauteur d’une unique élue aux forces du groupe municipal EàG.

Au niveau de l’Exécutif, notre camarade Rémy Pagani réalise un excellent premier tour en se retrouvant en tête des candidat·e·s, hors alliance, avec plus de 6700 suffrages représentant plus de 1100 voix d’avance sur le premier candidat MCG et plus de la moitié des voix d’une candidate comme Sandrine Salerno (PS) qui bénéficiait du soutien au premier tour de deux partis, le sien et celui des Verts, représentant ensemble un électorat pourtant nettement supérieur au double de celui d’EàG.

 

 

Un bloc pour faire barrage à la droite

 

Comme prévu, au deuxième tour, malgré les vaines menaces de certains qui auraient aimé se débarrasser de notre magistrat jugé peu commode, et comme en 2011 et en 2007, nous ferons une alliance de 2e tour avec le PS et les Verts, pour ne faire cadeau d’aucun siège de plus à l’Entente bourgeoise (surtout au PLR) où à l’extrême droite populiste. Face à ce ticket uni, accepté lundi soir à une large majorité de toutes les assemblées concernées, dont celle de solidaritéS et d’EàG, et face à une droite divisée entre bloc bourgeois et bloc d’extrême droite populiste, la reconduction des sortant·e·s, dont Rémy Pagani, à l’exécutif n’est pas assurée, mais est cependant probable.

On peut et on doit la souhaiter et y travailler avec énergie, mais la situation politique qui en résultera sera difficile, sans majorité au délibératif. Dans cette situation deux voies possibles s’ouvriront : celle de compromis discutables  avec la droite pour assurer des majorités, comme on l’a vu lors du vote du budget 2013 de la Ville appuyé par une majorité comprenant PS, Verts… et MCG-UDC. Et celle de consistant à s’appuyer sur une mobilisation populaire des habitant·e·s et des usagers pour obtenir le refus de coupes antisociales dictées par la droite et l’extrême droite, comme pour le budget 2014. 

 

Pierre Vanek