Grand Conseil

Grand Conseil : PLR et MCG découvrent soudain l'urgence... de ne pas voter leur propre projet antisocial !

Jeudi 4 juin, une majorité de droite et d’extrême droite du Grand Conseil genevois votait l’urgence, proposée par le PLR, pour le traitement du projet libéral dit de « renforcement du frein à l’endettement ».

Ce projet de loi, approuvé en fin d’année dernière en commission des finances par une majorité PLR-MCG-UDC, avec le consentement par abstention du PDC et contre l’avis de la gauche et des Verts, veut introduire un dispositif ultra-contraignant interdisant toute création de postes dans le secteur public et toute augmentation des charges du budget, aussi longtemps que la dette du canton n’aura pas été réduite de 5 milliards environ pour être ramenée à l’équivalent du montant d’un budget de fonctionnement annuel, soit environ 8 milliards.

 

Dynamiter le service public et les prestations

 

 

Au-delà d’un blocage du personnel désastreux, ce dispositif vise à dynamiter le service public et les prestations à la population dans un contexte où le gouvernement planifie un demi-milliard de cadeaux fiscaux aux entreprises à travers la mise en œuvre des dispositions de la RIE3. La réponse proposée aux besoins sociaux croissants, c’est l’austérité au carré !

Le dispositif mécanique proposé était si terrifiant que le Conseil d’Etat lui-même, pourtant tout acquis à une politique de caisses vides et d’austérité, a dû plaider contre le projet. A la droite de la droite également, une bonne moitié du MCG a refusé l’urgence du projet…

Dans ce contexte, les élu·e·s d’Ensemble à Gauche (EAG), du PS et des Verts sont montés au créneau avec énergie pour relayer le message de résistance des organisations syndicales du secteur public. Nous avons annoncé d’emblée, du côté d’EAG, que nous irions au référendum, avec l’intention de le gagner et de briser les reins, dans la rue et dans les urnes, à cette politique de casse du social et du service public.

 

Un référendum à préparer

 

L’énergie de cette résistance parlementaire n’a pas permis au débat de se conclure le jeudi soir et il a été repris le lendemain… On s’acheminait ainsi vendredi vers un vote serré, la position d’une bonne partie du MCG (muette, mais mécontente) et du PDC aux marges du bloc PLR/UDC étant incertaine. En cas de vote – à l’issue incertaine donc – du projet de loi, le référendum s’annonçait d’ailleurs bien, avec en cadeau une « rallonge » d’un mois du délai référendaire dû aux dispositions de la nouvelle Constitution.

Ainsi, peu sûr de ses troupes divisées, le chef du MCG Stauffer, qui avait pourtant voté l’urgence, a découvert soudain qu’en la matière, l’urgence était d’attendre. La seule majorité qui se soit trouvée au parlement genevois ce soir-là a donc été celle du PLR et du MCG, appuyé par le PDC, qui ont voté l’ajournement sine die du traitement de leur propre projet.

Une victoire aux points pour la gauche, qui – à son honneur – n’a pas voté l’ajournement, estimant qu’il ne réglait rien, et contraignant les auteurs de la loi d’en interrompre le traitement. Une dynamique brisée à droite, qui ne doit pas nous empêcher de préparer, dans d’excellentes conditions, la campagne référendaire que nous aurons quand même, peut-être, à livrer demain ! 

 

Pierre Vanek