Tu étais de toutes les luttes, Periko Solabarria

Tu es né en 1930 dans la banlieue ouvrière de Bilbao, fils d’un mineur et d’une serveuse. Encore enfant, tu as vu ta maison s’écrouler sous les bombes de Franco. Toi, devenu prêtre des ouvriers et puis maçon. Sous la dictature on t’a emprisonné à cinq reprises, mais on ne t’a pas fait plier. En 1975 tu rentres au Syndicat LAB, puis, en 1977 tu seras élu au parlement espagnol, avant de rejoindre le Herri Batasuna et d’en devenir dirigeant. Depuis, on te croisait partout, dans l’assemblée des chômeurs de Barakaldo, dans les manifestations pour dénoncer l’illégalisation des organisations populaires basques, dans les piquets de grèves, dans les rassemblements contre les évacuations, dans la solidarité pour la défense des centres autogérés. À 83 ans, tu avais encore les convictions de tes vingt-ans. Les jeunes le savaient, ils t’avaient d’ailleurs désigné comme invité d’honneur à la fête pour la fondation d’ERNAI, organisation de la jeunesse révolutionnaire, féministe et indépendantiste. Pour les mots prononcés en souvenir de ton ami Thierry, mort en prison, la justice espagnole voulait t’emprisonner 18 mois. Tu ne les craignais pas, mais tu ne leur as pas laissé le temps. Tu t’es remis en chemin, protégé par ton chapeau basque et t’appuyant sur l’amour de ton peuple, en marchant dans la boue et pas sur les tapis rouge, car, comme tu nous l’as appris, c’est seulement ainsi que nos pas laisseront des traces. 

 

Marie Nozière