Immigration/racisme
Immigration/racisme : No Blocher, no bunker ! - La lutte continue
La lutte continue
Lundi 31 août, l’UDC organisait une conférence avec comme invités, notamment, Christoph Blocher et Oskar Freysinger. Cyniquement intitulée «Rester libre», elle s’est tenue à la salle des fêtes de Carouge. L’important dispositif policier déployé pour l’occasion a souligné le ridicule du sous-titre «proche des gens» qui accompagnait le nom de Blocher sur les affiches de l’UDC.
Pour protester contre la venue de ces tristes personnages, un rassemblement s’est tenu sur la plaine de Plainpalais. Après que la police eut informé les participant·e·s qu’il s’agissait d’un rassemblement illégal, les quelques 400 personnes présentes, en majorité des jeunes, ont improvisé une manifestation qui est passée par les Grottes avant de terminer son parcours sur la place de la Navigation aux Pâquis.
Manifester contre le racisme, contre le sexisme, contre la stigmatisation
Durant toute la durée du cortège, qui s’est déroulé dans une ambiance festive, les manifestant·e·s ont fermement dénoncé le discours raciste tenu par l’UDC et ses deux ténors. En particulier, la responsabilité de Blocher dans la situation déplorable de l’accueil des migrant·e·s a été rappelée. Alors qu’il était Conseiller fédéral, il avait poussé à la fermeture de nombreux foyers, orchestrant une pénurie de places d’accueil. Or, c’est justement cette pénurie qui est aujourd’hui invoquée pour justifier le logement des migrant·e·s dans des bunkers ou leur entassement dans des foyers largement surpeuplés.
Il a également été rappelé qu’en plus de leurs propos racistes, les stars du parti agrarien ont souvent brillé par un sexisme primaire. A travers ce discours ultra réactionnaire se cache (pour qui ne veut pas le voir) une stratégie tout à fait classique : la division des classes populaires. L’UDC n’a ainsi pas hésité à désigner les migrant·e·s comme responsables de la sous-enchère salariale, évitant ainsi toute remise en question de la dérégulation du marché du travail. Au-delà de la responsabilité de Blocher et Freysinger, c’est un racisme profondément enraciné dans la bourgeoisie et l’Etat suisse qui était donc dénoncé. Car si les foyers ont fermé, c’est bien parce que Blocher a pu compter sur la complicité du Conseil d’Etat de Genève. De même, la campagne électorale actuelle donne lieu à une surenchère de propositions xénophobes écœurantes.
Le cas suisse n’est d’ailleurs pas isolé. Sur tout le continent européen, nombreux sont ceux qui tablent sur la montée d’un sentiment xénophobe pour détourner une détresse sociale de plus en plus profonde. La multiplication des discours réactionnaires se fait ainsi sur fond d’offensive néolibérale généralisée.
La manifestation contre la venue de Blocher et Freysinger témoigne de la vitalité du mouvement anti-raciste à Genève. A la suite des mobilisations de ces derniers mois (lutte de solidarité avec les sinistré·e·s des Tattes, contre le renvoi du requérant Ayop ou contre l’utilisation des abris PC comme places d’« accueil »), de nombreuses personnes ont rappelé que la lutte devait continuer.
Pendant ce temps, à Carouge, Blocher a multiplié les provocations. Il n’a pas hésité à discréditer la protestation des migrant·e·s contre leur mise en bunkers, en soulignant que lui aussi y avait dormi trois mois durant son service militaire. Nous ne pouvons que souhaiter qu’il y retourne… et qu’il y reste ! Son château pourra sans problème être converti en foyer pour celles et ceux qui en ont besoin.
Jean Burgermeister