Royaume Uni

Royaume Uni : Blairistes balayés, Corbyn plébiscité

La nouvelle d’un séisme politique majeur tombait samedi dernier en Grande Bretagne. Un candidat réellement de gauche, Jeremy Corbyn, a été massivement porté à la présidence du parti travailliste.

Corbyn obtenait en effet 59,5% des voix, trois fois plus que son premier rival Burnham et plus de dix fois mieux que la candidate de la continuité blairiste Liz Kendall. Pourtant il y a peu les bookmakers britanniques cotaient à 100 ou 200 contre 1 ses chances d’arriver en tête et l’establishment politique du New Labour le considérait comme un candidat folklorique…

Ce sont en effet de l’ordre de 15 ou 20 député·e·s travaillistes qui appuient ses positions radicales contre plus de 200 qui en sont bien éloignés. C’est, par exemple, le seul des candidats en lice ayant voté au parlement contre les récentes coupes dans les prestations sociales… auquel les travaillistes ont consenti.

Après avoir concédé les dernières élections aux conservateurs et tiré le bilan qu’ils avaient perdu pour avoir été « trop à gauche », les managers du parti travailliste s’étranglent aujourd’hui de rage au vu du résultat d’un scrutin, pourtant issu d’un système électoral qu’ils ont fignolé pour affaiblir le poids des syndicats dans le parti travailliste.

L’élan de la campagne qui a porté Corbyn à la présidence du Labour s’est nourri aux sources qui ont dynamisé Syriza et Podemos… qui ont alimenté la campagne pour l’indépendance écossaise et ont conduit aux succès du SNP… Une radicalisation anti-austérité qui a su mobiliser les jeunes jetés au rebut par les attaques des Tories contre les étudiant·e·s et les jeunes en formation, qui est celles aussi des personnes handicapées et des bénéficiaires de prestations sociales laminées, des syndicalistes en butte à des projets de loi répressifs si drastiques qu’un député conservateur les assimilait à la législation franquiste en Espagne.

C’est aussi le vaste camp de l’opposition aux guerres impérialistes du Royaume-Uni qui s’est exprimé… A la bourgeoisie britannique et à ses larbins, à sa stratégie de la peur, le peuple de gauche britannique a dit massivement non en votant pour Jeremy Corbyn.

 

Le programme de Corbyn est clairement à gauche : contre la privatisation du système de santé, pour la renationalisation du rail, de la poste et de l’électricité, pour un renversement des politiques d’austérité et un investissement massif dans les services publics, contre les cadeaux fiscaux aux riches, pour le désarmement nucléaire unilatéral de la Grande Bretagne et son retrait de l’OTAN…

Bien sûr, pour être concrétisé ce programme n’a pas juste besoin d’un changement à la tête du parti travailliste… il a besoin – en Grande Bretagne comme ailleurs – du renforcement d’un vaste mouvement social de résistance, d’opposition et de reconquête, dans les syndicats, sur les places de travail, dans les quartiers, dans la rue…

Dans la rue justement, le samedi de l’annonce de son élection Corbyn y était, à Londres aux côtés de dizaines de milliers de manifestant·e·s… pour exiger l’ouverture des frontières aux réfugié·e·s. Son élection souffle sur les braises de l’espoir. Bravo !

Pierre Vanek