Budget 2016

Budget 2016 : Virer des enseignants pour engager des matons?

«Celui qui ouvre une porte d'école ferme une prison», écrivait Victor Hugo. Une citation dont le sens n'a manifestement pas été saisi par le Conseil d'Etat genevois, puisqu'il s'apprête à faire exactement l'inverse.

Alors que le projet de budget  2016 prévoit de sabrer dans les dépenses consacrées à l'éducation par la réduction des salaires et des engagements, ce même document annonce un «crédit d'étude» de 10 millions de francs pour la construction de la maxi-prison «Les Dardelles», aussi appelée «Brenaz III».

Le projet porté à bout de bras par le Conseiller d'Etat Pierre Maudet consiste dans la construction de 450 nouvelles places de détention dans la campagne genevoise, soit une augmentation de 60  % des places disponibles dans le canton. Le coût total annoncé pour la construction et l'aménagement du bâtiment, dont la construction devrait commencer en 2017, est de 350 millions de francs, soit un investissement de plus de 700 000 francs pour chaque nouvelle cellule.

Dans son projet de budget 2016, le Conseil d'Etat ne précise pas les coûts de gestion que cette construction engendrera. Le calcul n'est pourtant pas compliqué. En 2015 à Genève, 740 personnes étaient derrière les barreaux et 820 fonctionnaires étaient chargés de les surveiller et, accessoirement, de répondre à leurs besoins essentiels, soit 5 fonctionnaires pour 4 personnes détenues. Les charges de personnel sont de 100 millions par année, soit une moyenne de 120 000 francs par salarié·e.

Si l'on applique la même proportion, la construction de 450 nouvelles places de détention devrait aboutir à l'engagement de 562 nouveaux fonctionnaires, une augmentation massive des effectifs, en contradiction flagrante avec l'offensive du Conseil d'Etat contre les fonctionnaires de l'éducation et de l'Etat social. Une démarche qui devrait générer 67 millions de coûts supplémentaires par année.

Les raisons de s'opposer à la construction d'une nouvelle prison sont nombreuses. L'occasion viendra de les aborder dans les détails. D'ici là, il serait opportun que l'absurdité de ce projet, qui met au grand jour l'incohérence du Conseil d'Etat, ne soit pas passée sous silence et que l'on rappelle au gouvernement genevois, dans les rues comme à la table des négociations, que s'il est inacceptable de licencier des professeur·e·s et du personnel de santé, cela l'est d'autant plus si c'est pour les remplacer par des matons.

Olivier Peter