Eligibilité des étrangères et des étrangers
Eligibilité des étrangères et des étrangers : Le Grand Conseil va dans la bonne direction
Lors de sa dernière session, les 26 et 27 janvier 2016, le Grand Conseil neuchâtelois a dû se positionner sur un projet de loi présenté par les groupes socialistes et PopVertsSol: ce projet demandait d’élargir au niveau cantonal le droit d’éligibilité pour les étranger·ère·s porteur·euse·s d’un permis C.
Si toute la gauche s’était unie en 2005, au niveau du Grand Conseil, autour de l’initiative populaire issue des immigré·e·s et soutenue tant par le PSN que les Verts, le POP et solidaritéS au moment de la récolte des signatures, ce droit aurait peut-être déjà été obtenu. Mais le Conseil d’Etat et le Grand Conseil de l’époque (pourtant à majorité socialiste) avaient jugé prématuré d’accorder d’emblée un tel droit au niveau cantonal. Ils avaient donc opposé un contre-projet à cette initiative pour n’octroyer, dans un premier temps, le droit des étranger·ère·s à l’éligibilité que sur le plan communal. Du coup, en votation populaire, c’est le contre-projet qui l’a emporté.
Une bataille de gagnée, pas encore la guerre…
Aujourd’hui, la majorité de droite de la commission ayant traité du nouveau projet de loi s’y est, comme par le passé, opposée et a proposé aux député·e·s de faire de même. Le Grand Conseil (actuellement à droite) ne l’a cependant pas entendu de cette oreille et, par 64 voix contre 49, a demandé à la commission de revoir sa copie.
Le PLR et les Verts libéraux comptent certes des député·e·s dont le parcours personnel les rend sensibles à l’octroi de droits identiques pour les étrangers·ères établi·e·s de longue date et désirant s’investir dans la vie publique. Mais, lors de ce débat, l’opposition d’une majorité du groupe PLR s’est ajoutée à celle du SVP-UDC. Ce dernier parti annonce d’ores et déjà qu’il se battra pour rallier une majorité des électeurs et électrices à sa vision de la société: un monde renfermé sur lui-même et qui alimente la peur de l’autre.
Que celles et ceux qui vivent en Suisse de longue date, qui enrichissent le canton par leur présence et leur travail, puissent se prononcer sur des questions qui les concernent au premier chef, et être élus pour participer de manière active à la vie politique, pour nous, cela va de soi. Mais nous le savons, aujourd’hui encore plus que hier, il faudra une forte mobilisation pour permettre à cette proposition de passer le cap des urnes. solidaritéS mettra toutes ses forces pour convaincre une majorité des citoyen·ne·s, y compris les plus réticent·e·s, que ce n’est là que justice.
François Konrad