Comptes 2015

Comptes 2015 : Une manipulation détestable!

Les Comptes de fonctionnement 2015, qui viennent d’être rendus publics, accusent en réalité un bonus de quelque 200 millions de francs! Qu’à cela ne tienne, le Conseil d’Etat a conclu l’exercice par un déficit officiel de 21 millions, indispensable à la poursuite de sa politique d’austérité. 

Un tour de passe-passe antidémocratique

Afin de continuer de pouvoir crier aux loups, le Conseil d’Etat a «maquillé» ces comptes notamment en accordant une provision de dernière minute, à hauteur de 207 millions, à la caisse de pension de l’Etat (CPEG). De plus, des liquidités supérieures à ses prévisions lui ont permis d’autofinancer ses investissements à 100%, plutôt qu’à 74%, comme prévu… Ceci dit, l’analyse détaillée des Comptes 2015 va sans aucun doute réserver d’autres surprises. Nous pouvons néanmoins déjà affirmer que par ces pratiques, le Conseil d’Etat sape le débat démocratique et empêche le Grand Conseil de faire des choix politiques à propos des finances publiques.

 

 

Un gouvernement pyromane

Le Conseil d’Etat aura donc provoqué 7 jours de grève de la fonction publique, fait descendre des dizaines de milliers de personnes dans la rue, mis en émoi le monde de la culture, tout cela pour passer en force avec des coupes antisociales de quelques dizaines de millions au nom d’un important déficit annoncé, alors qu’il conclut l’année sur un excédent réel de 200 millions! Ceci est d’autant plus extraordinaire que le Conseil d’Etat a pu réaliser ce bonus effectif en réduisant la dette cantonale de près de 700 millions, comme il l’a annoncé dernièrement.

 

 

Déni démocratique et passage en force

Dans la foulée de ce tour de passe-passe, l’exécutif cantonal a annoncé qu’il ne présenterait pas de Budget 2016 et qu’il en resterait donc aux douzièmes provisoires pour toute l’année, dont l’enveloppe globale correspond à peu près au projet de budget 2016, pourtant rejeté par le Grand Conseil. Une manière de ne pas respecter le vote démocratique du parlement en faveur du rétablissement des annuités 2016 et de renforcer la pression pour passer en force cet automne avec la RIE3, qu’il compte bien introduire au pas de charge avec à la clé, des centaines de millions de recettes en moins.

 

 

Incompétence ou mensonge?

A la lumière du résultat des Comptes 2015, il est donc consternant de relire l’exposé des motifs du plan de l’exécutif visant à réduire de 5% les charges de personnel sur 3 ans  :

« Le cadre du projet de budget 2016 est dès lors fortement impacté par l’évolution négative survenue durant l’année en cours. […] Clairement, il ne suffit plus de contenir les dépenses, il faut les réduire au moyen de mesures structurelles pour diminuer en particulier les coûts salariaux» (Projet de budget 2016, pp. 5-6).

 

Cette profession de foi néolibérale rédigée à la fin de l’été était pourtant en contradiction totale avec l’indicateur LPO, qui anticipe l’évolution économique du canton et qui affichait alors une progression exceptionnelle de 3,6%, de janvier à septembre 2015.

Va-t-on laisser une telle équipe, incapable de la moindre pensée indépendante par rapport aux injonctions des milieux économiques, continuer à gérer la chose publique ? Va-t-on la laisser planifier une nouvelle baisse massive de l’imposition des entreprises? Va-t-on la laisser réduire les prestations de la Caisse de pension de l’Etat de Genève?

 

 

Réagissons!

Non bien sûr! C’est pourquoi solidaritéS, membre d’Ensemble à Gauche, va demander dans l’immédiat  :

  1. Le retrait des mesures d’économie (69, 70, 72, 75 et 76), essentiellement sur les postes et les subventions, pour un montant de 38,8 millions, une revendication faisant partie du protocole d’accord entre le Conseil d’Etat et les organisations représentatives du personnel.
  2. L’abandon du Plan d’ajustement structurel cantonal visant à réduire les charges de personnel de 5% sur 3 ans.
  3. La restitution des retenues sur les salaires des grévistes, auxquel·le·s le Grand Conseil a déjà donné raison en supprimant le  Personal Stop  et en rétablissant les mécanismes salariaux, et auxquels le Conseil d’Etat, qui a mis le feu aux poudres, devrait aujourd’hui présenter des excuses publiques.

 

Soyons sérieux! En raison de la volonté répétée du gouvernement cantonal de tromper le parlement et la population pour imposer une politique d’austérité redoublée, solidaritéS appelle les usagers·ères et les salarié·e·s des services publics à relancer la mobilisation pour la défense des prestations.

En effet, sans un puissant mouvement social capable de se déployer dans la durée, la droite et les «milieux économiques» sont bien décidés à durcir leurs politiques pour imposer un véritable Plan d’ajustement structurel à ce canton.

Jean Batou