Lila Chouli n'est plus

Notre camarade Lila Chouli est décédée le 25 mars dernier en France.

Spécialiste du Burkina Faso, elle avait publié récemment deux livres sur ce petit Etat d’Afrique de l’Ouest. Un premier en 2011, Chronique sur le Mouvement social au Burkina, et un second, parrainé par la Fondation Gabriel Péri, sur le Boom minier au Burkina, en août 2014, recueil de témoignages des victimes de l’exploitation minière.

Militante magnifique et passionnée, elle écrivait sur les mouvements sociaux au Burkina, de ceux qui souvent prennent la rue au péril de leur liberté et de leur vie. Elle avait témoigné dans tous ses écrits de l’extraordinaire multiplicité et complexité des mobilisations de ce pays, qui s’expriment aussi par la diversité et la force de ses organisations syndicales et associatives, capables d’élever la conscience et l’organisation d’une population jeune et combative.

Sur le plan analytique, elle combattait avec constance et finesse l’approche «différentialiste» courante, lorsqu’il est question de l’Afrique dans le «monde occidental».

En 2014, elle avait participé à notre université de printemps, prenant la parole dans un atelier consacré aux résistances africaines. Depuis de nombreuses années, elle faisait partie de notre paysage intellectuel et militant, comme une référence sûre, un point d’appui solide, en particulier sur ce continent qu’elle aimait profondément.

Un peu comme la photo de ce réalisateur assis au-dessus des nuages, qu’elle m’avait envoyée il y a quelques années, Lila cherchait à voir plus loin, montrant avec obstination combien les opprimé·e·s les plus précaires étaient toujours capables de rêver et de lutter pied à pied pour la réalisation de leurs rêves.

Nos pensées vont à sa famille, à ses amis, à toutes celles et ceux qui l’ont tant aimée et qui, pour les plus heureux, ont eu le privilège de faire un bout de chemin à ses côtés.

Stéfanie Prezioso