Lausanne «Ville-refuS»

Lausanne «Ville-refuS» : Migrants refoulés toujours plus loin... - jusqu'en prison!

jusqu’en prison!

Menacés d’expulsions et d’arrestations par les Municipalités de Renens et Lausanne (à majorité socialiste, Verts et POP), les personnes du Collectif JeanDutoit qui avaient trouvé refuge dans le jardin du Sleep In de Renens n’ont eu d’autre choix que d’occuper un nouveau lieu depuis le 27 juin, cette fois-ci dans le quartier de Chailly, au nord de la capitale vaudoise. Dans la foulée, la Municipalité de Lausanne a entamé la construction d’une barrière autour du même Sleep In, clôture accompagnée d’un dispositif de sécurité, pour décourager de futures arrivées. Une mesure d’intimidation scandaleuse, qui péjore considérablement l’activité des travailleurs·euses sociaux de l’association en charge du lieu d’accueil d’urgence.

Le Collectif JeanDutoit  poursuit son combat pour que chacun·e puisse vivre et travailler en Suisse, par-delà son origine et son parcours migratoire. Peu avant l’annonce de cette nouvelle occupation, nos conseillers·ères communaux, accompagnés d’autres élu·e·s du groupe Ensemble à Gauche à Lausanne ainsi que de Fourmi Rouge à Renens, ont publiquement dénoncé les pratiques policières abusives (confiscation d’argent et de papiers), les contrôles au faciès et les mesure coercitives pratiquées contre des migrant·e·s aux alentours du Sleep In de Renens. Ces démarches vont à l’encontre de la défense des droits fondamentaux qui incombent aux autorités de ces villes.

Ces personnes sont pour la plupart sans-papiers ou menacées de renvoi dans le cadre des accords « Dublin » (accords qui imposent à chaque migrant·e·s de rester cantonné dans son premier pays d’entrée en Europe) ; elles n’ont d’autres perspectives que la précarité extrême de la rue et la survie au jour-le-jour, fautes de politiques inclusives des autorités fédérales et cantonales qui leur permettraient d’avoir une place dans la société.

La seule réponse cohérente à cette situation de crise serait la sortie de ces accords, l’accueil d’au moins 50 000 réfugié·e·s en 2016, une modification des Loi sur les Etrangers et sur l’Asile permettant un accès facilité à des permis de séjours et de travail pour ces personnes et, au niveau cantonal et à court terme, une augmentation de la participation financière à l’hébergement d’urgence.

Mais dans l’attente de ce tournant à 180° en matière de politique migratoire, la répression à laquelle s’associent les Municipalités de Lausanne et de Renens ne fait qu’aggraver cette misère au quotidien, sans y apporter aucune solution. Cette politique ne vise qu’à repousser les migrant·e·s le plus loin possible. Ils·elles reviendront irrémédiablement, tant il est illusoire de penser que ces mesures coercitives limiteront les flux migratoires.

Nous sommes pleinement solidaires des habitant·e·s des Jardins du Sleep In. solidaritéS se tient à disposition de ces personnes et des citoyen·ne·s qui les accompagnent pour porter leurs revendications dans le débat public et contribuer à améliorer leur situation. Au niveau local, nous nous battons pour que les villes de Lausanne et Renens cessent immédiatement d’appliquer les mesures de contraintes à l’égard des migrant·e·s, pour une augmentation du budget alloué aux structures d’accueil d’urgence telles que le Sleep In de Renens, pour l’ouverture rapide de 1500 places d’accueil supplémentaires dédiées à l’accueil des réfugié·e·s à Lausanne. Et surtout, nous défendons la création de mesures et de programmes visant à l’insertion professionnelle et à la rémunération directe des migrant·e·s.

En parallèle, nous condamnons fermement la construction de clôtures autour du Sleep In de Renens. Sans efficacité concrète pour bloquer l’entrée d’individus, cette barrière n’a pour but que de décourager toute personne d’approcher le lieu. Pratiques d’intimidations qui détériorent considérablement le travail d’une association accueillant chaque nuit celles et ceux qui n’ont nulle part où dormir.

Lausanne et Renens doivent cesser de jouer le rôle de « Villes-­refuS » et devenir « Villes-Refuge », en mettant sur pied une politique en cohérence avec une telle déclaration d’intention.

Pierre Conscience