Votations

Votations : Après l'échec d'AVS+, les partis bourgeois préparent une attaque de grande ampleur contre les retraites

L’initiative de l’Union syndicale suisse AVS+, qui demandait une augmentation de 10% des rentes du premier pilier, a été rejetée par 59,4% des votant·e·s.

Un sondage post-électoral  de Tamedia montre que cette défaite s’explique en particulier par le succès de la propagande de la droite auprès des jeunes électeurs·trices: 79% des 18-34 ans ont refusé l’initiative, craignant de devoir payer pour les retraité·e·s. De fait, cette menace a été massivement diffusée par les associations patronales et les partis bourgeois via des annonces payantes dans les médias. Rien que dans les journaux, 526 annonces ont été publiées concernant AVS+, dont les deux tiers contre l’initiative, alors que la moyenne ces dernières années est de 386 annonces de presse par objet soumis en votation. Le fait que l’initiative ne précisait pas le moyen de financer la hausse des rentes – permettant à la droite d’annoncer une hausse de la très antisociale TVA en cas de oui – a sans doute pesé dans ce résultat.

Un signe encourageant réside toutefois dans le fait que les classes populaires et moyennes (entre 3000 et 9000 francs de revenu mensuel), toutes tranches d’âges confondues, affichent un taux de soutien de presque 50%, quand les revenus de plus de 11 000 francs la rejettent à 69%. L’abstention plus élevée parmi les couches populaires, et le fait que de larges secteurs de la classe ouvrière soient exclus des droits politiques en tant qu’immigrés, explique aussi le succès de la droite.

L’exclusion des travailleurs·euses immigré·e·s de la vie politique est du reste un argument de taille pour que la gauche syndicale et politique ne se contente pas d’une campagne référendaire contre la réforme « Prévoyance 2020 », mais cherche également à mobiliser les salarié·e·s et retraité·e·s dans la rue et sur les lieux de travail. Un premier pas réussi en ce sens a été accompli avec la manifestation réunissant 20 000 personnes à Berne le 10 septembre dernier. La poursuite de la mobilisation est d’autant plus urgente que la majorité bourgeoise du parlement, avec la complicité du Conseiller fédéral (dit) socialiste Berset, prépare une attaque de grande ampleur contre les retraites: hausse de l’âge de départ en retraite des femmes à 65 ans, alors que les retraitées touchent déjà une rente de 37% inférieure à celle des hommes ; baisse du IIe pilier via le taux de conversion, quand bien même une telle mesure a été rejetée par le peuple à 72% en 2010 ; et mécanisme opaque pour un report graduel de l’âge de la retraite à 67 ans.

Hadrien Buclin