Féminin - Masculin

Féminin - Masculin : Vent féministe anti-Trump sur Genève

L’appel lancé par une femme sur facebook au lendemain de l’élection de Trump, vite repris par des organisations féministes de Washington en octobre 2016, s’est répandu comme une traînée de poudre. Aux USA, puis dans le reste du monde, relayé notamment par des milliers d’Etasuniennes expatriées, indignées des insultes sexistes, racistes et islamophobes du nouveau président.

Reprise par le réseau de la Marche mondiale des femmes (MMF) et par des centaines d’ONG et d’associations féministes, l’alerte a été entendue: près de 5 millions de personnes ont défilé de par le monde. A Genève, elles étaient 3000, surtout des femmes, en majorité d’origine nord américaine, à manifester, avec humour, leur colère et leur espoir qu’un autre monde est possible.

Une mobilisation dépassant toute attente

A Genève, vers 10 h 15 le Jardin anglais était presque vide… serons-nous 200? 1000? Dès 11 h, au début des discours, des femmes, des familles, des jeunes et moins jeunes ont rempli l’espace. Nombre de pancartes improvisées côtoyaient des visuels de la Global Women’s March. Aucun drapeau de partis, mais des slogans forts, surtout en anglais, et dès les premiers discours: «Les droits des femmes sont des droits humains», «Yes to Feminist Peace, No to patriarchy, xenophobia, sexism, racism, intolerance and nationalism», «Tant que toutes les femmes ne sont pas libres, nous serons en marche».

Défense de la démocratie, défense du droit des femmes à disposer de leur corps, égalité raciale, écologie et environnement, égalité salariale, refus de la hausse de l’âge de la retraite des femmes, accueil digne des réfugié·e·s, les manifestantes étaient là avec leurs revendications urgentes. Un long cortège emmena cette foule qui scandait, en français ou en anglais, le slogan s’inspirant du flyer de la MMF: «Femmes en résistance, un autre monde est possible».

Manon Schick d’Amnesty, à qui le comité d’organisation avait confié la clôture de cette manif, acclamée par toutes les femmes présentes, l’a dit sans détour: «Nous ne nous tairons pas. Le Président a tenu des propos sexistes inadmissibles, mais il a aussi menacé d’adopter des lois qui restreindront les droits des femmes à l’avortement, à l’accès à la santé. […] Les femmes ne se laisseront pas faire, nous allons lui barrer la route.»

Vers un 8 mars militant

Une chose est sûre: les provocations de Trump, si elles n’ont pas empêché son élection, ont nourri la colère de millions de femmes. Mais la vague féministe, géante, les bonnets roses et les pancartes portant des slogans aussi radicaux que variés n’auront d’avenir que si les féministes anticapitalistes parviennent à tisser des liens forts et durables entre toutes les femmes (et hommes solidaires) pour construire des ponts de solidarité, de paix, de justice, d’égalité et de liberté.

Dans l’immédiat, rendez-vous a été pris pour le 8 mars. Les sujets qui fâchent ne manquent pas non plus en Suisse. A commencer par l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Pour se faire entendre, c’est une grève qu’il faudrait organiser le 8 mars… à l’instar de ce qui se prépare dans de nombreux pays d’Europe, d’Amérique latine, mais aussi en Turquie et dans les Balkans. En Suisse, une telle perspective paraît lointaine… mais le vent qui a soufflé samedi dans les rues de Genève aide à nourrir nos rêves.

Marianne Ebel

Images et infos sur la manif du 21 janvier: marchemondiale.ch