Police «partout... et en tout temps» NON!

Lors de cette session, le parlement s’apprêtait à balayer majoritairement le projet de loi constitutionnelle d’Eric Stauffer rendant incompatible les fonctions de flic et de député. Mais Stauffer, plutôt que d’avoir le courage de laisser le débat se dérouler, l’a retiré.

Le PLR, qui défendait le projet avec ses alliés PDC, n’a pas osé le reprendre pour faire valoir ses arguments. Ce débat – avorté – aurait eu l’avantage de mettre en lumière la dérive autoritaire inquiétante du magistrat chargé de la police P. Maudet et de la Cheffe de la police Mme Bonfanti. Les deux ayant soutenu sans réserve le projet anti-démocratique de Stauffer en commission.

Une magouille subordonnant la Constitution à la loi sur la Police

Madame Bonfanti d’abord, en manifestant une méconnaissance de la hiérarchie …du droit. Elle a invoqué à l’appui du projet des problèmes de « coordination » entre la Constitution et la Loi sur la police (LPol), citant celle-ci et son exposé des motifs.

Or la LPol est une loi, rédigée par Maudet, qui est l’auteur de ses aspects problématiques au regard de la Constitution. Le procédé consistant à faire adopter une loi douteuse et anticonstitutionnelle, pour venir ensuite arguer de cette même inconstitutionnalité pour… plaider qu’on doit modifier la Constitution est choquant!

« On ne critique pas le gouvernement! »

La Cheffe de la police a plaidé en commission que l’art. 1 de la LPol a des exigences envers les policiers «En tout temps…» et que: «En tant que policier, on ne prend pas de position politique et on ne critique pas le gouvernement…» Ainsi, la liberté de critique du gouvernement, reconnue aux député·e·s ne saurait être étendue aux policiers, qui ne sauraient donc être élus député·e·s. CQFD. Le Conseiller d’Etat est allé globalement dans le même sens, indiquant que sa position était celle de tout le gouvernement…

Derrière chaque flic, il y a et il doit y avoir un citoyen

Or notre conception est différente: quand le policier pose sa matraque, son képi, ou son uniforme… il a et doit avoir tous les droits d’un citoyen. Comme EàG l’écrivait dans notre argumentaire référendaire: Cette loi «ne reconnaît pas les droits des policiers comme travailleurs et comme citoyens. C’est grave! Car comment demander aux policiers de respecter ou faire respecter les droits des gens et les libertés publiques, s’ils en sont privés eux-mêmes! »

Ce n’est qu’un début, tous les travailleurs du secteur public sont visés

Quoi qu’il en soit, la fin misérable de ce projet réactionnaire est une excellente chose. Il n’était en effet, au-delà de la police, qu’un «poisson pilote» vers le rétablissement de l’incompatibilité, balayée en son temps par le peuple, pour tous les fonctionnaires…

EàG se battra contre ce projet antidémocratique visant à vider les travailleurs sociaux, les infirmières et les instituteurs du parlement… pour y faire place aux promoteurs, banquiers, avocats d’affaires…

Pierre Vanek