Pour la gratuité des transports publics!
solidaritéS, les Verts, le POP et la JSN ont lancé leur initiative pour la gratuité des transports publics le 17 octobre. L’enthousiasme est au rendez-vous avec plus de 3500 signatures récoltées le premier week-end!
Les Trente glorieuses du capitalisme ont marqué nos espaces et nos vies par la généralisation du transport individuel motorisé (TIM) et la construction d’infrastructures importantes pour celui-ci. Cette généralisation des TIM idéologiquement fondée sur la flexibilisation mobile capitaliste des travailleuses et travailleurs, a été matériellement mise en œuvre par des déductions fiscales massives et illimitées dans le canton de Neuchâtel.
Pour les salarié·e·s et le climat
Imposer un transfert modal ainsi qu’une diminution du trafic à une société abreuvée de pétrole et affectée de pendularisme aigu n’est pas une mince affaire et ne peut pas se faire sur le dos des salarié·e·s. La gratuité des transports citadins et régionaux est un moyen de changer de conception entre lieu de vie et lieu de travail vers une relocalisation des rapports économiques, en offrant une alternative simple aux salarié·e·s et en améliorant grandement l’accessibilité des territoires bien reliés aux transports publics. De plus, diminuer le trafic de TIM est un enjeu de politique climatique puisque le trafic automobile de personnes et de marchandises représente aujourd’hui 33 % des émissions de gaz à effet de serre. Cette source d’émission est d’ailleurs le parent pauvre de la stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral avec une absence presque totale de mesures dans ce domaine, à l’exception de taxes incitatives qui punissent les salarié·e·s pendulaires sans véritables contreparties.
Financièrement simple et efficace
Notre initiative porte une extension de la sphère de gratuité financièrement simple et efficace. Actuellement, le système de transports publics est assez compliqué avec cinq sociétés prestataires dont les charges de fonctionnement de 90 millions sont payées à hauteur de 57 millions par des subventions directes des communes et du canton. La suppression des billets et des abonnements provoquera ainsi 33 millions de pertes de revenus. On doit en déduire certaines charges qui disparaîtront, notamment 2 millions payés par les collectivités locales pour la subvention des transports pour certain·e·s bénéficiaires des aides sociales publiques ainsi que minimum 2 autres millions non dépensés par la suppression des contrôles et de la vente des billets ou abonnements. Pour le solde, un plafonnement des déductions fiscales au prix de l’abonnement général permettrait de dégager de nouvelles recettes fiscales amplement suffisantes.
Ce mode de financement assuré au travers de l’impôt et de recettes publiques a pour effet paradoxal qu’une diminution pour moitié du prix des billets serait vraisemblablement aussi coûteuse qu’une gratuité intégrale.
Dimitri Paratte