Corbyn à Genève

Le 8 décembre, le maire de Genève Rémy Pagani recevait Jeremy Corbyn. Il lui a remis le prix Seán MacBride, attribué par le Bureau international de la Paix, dans la foulée du Nobel de la paix reçu par l’ICAN pour son action en faveur de l’interdiction des armes nucléaires.


Dans un discours
vibrant (disponible sur eag-ge.ch), notre camarade a d’abord rappelé l’histoire de Seán MacBride, militant républicain irlandais connu pour ses engagements anticoloniaux et pour la paix et la justice sociale.

Il a mis le doigt sur la situation contradictoire de la Grande-Bretagne. Le pays s’apprête à élire Corbyn, militant antinucléaire, Premier ministre. Mais prévoit aussi de dépenser des centaines de milliards pour renouveler son arsenal atomique potentiellement génocidaire… avec l’appui d’une majorité de député·e·s travaillistes et contre l’avis de Corbyn. Pagani a aussi établi le parallèle entre la surmortalité en Angleterre, dont une étude a récemment mis en évidence le lien avec les politiques d’austérité dans la santé et le social (solidaritéS 317), et les effets des bombes lancées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. A ce sujet, le maire de Genève a cité l’un des co-auteurs de l’étude, le professeur Lawrence King, de Cambridge: «Il est désormais très clair que l’austérité ne promeut pas la croissance ou la réduction des déficits, c’est de la mauvaise politique économique, mais elle reflète bien une politique de classe… Notre étude montre que c’est aussi un véritable désastre en matière de santé publique. Ce n’est pas une exagération de parler de meurtre économique de masse».

En conclusion Rémy Pagani a posé la question: «La Grande-Bretagne de Jeremy Corbyn sera-t-elle la première puissance nucléaire à signer le traité d’interdiction des armes atomiques, à renoncer à son arsenal nucléaire? Nous le souhaitons de tout cœur, pour les peuples britanniques, pour la survie de l’humanité… et pour notre hôte de ce soir que nous soutenons de tout cœur sur ce chemin!»

Après la cérémonie, Corbyn et ses collaborateurs ont été reçus à dîner par le maire de Genève. L’occasion d’un échange intéressant et fraternel qui pourrait déboucher sur d’autres rencontres et initiatives.

Pierre Vanek