Coup de force à l'Hôpital

Alors que des négociations devaient s’ouvrir à partir des conclusions d’une étude, le conseil d’administration de l’Hôpital fribourgeois (HFR) a brutalement décidé de privatiser la buanderie.


Grève du personnel de la buanderie de l’Hôpital fribourgeois, 12 et 13 juin 2017

Un processus de privatisation des services hospitaliers est à l’œuvre dans notre canton et au-delà, qui ne concerne pas seulement des services de buanderie et de nettoyage. Mais ce processus ne va pas sans résistances. Les salarié·e·s de la buanderie de Marsens se sont battus contre la reprise de leur activité par LBG SA. A Fribourg, deux jours de grève en juin 2017, contre la privatisation de la buanderie, ont débouché sur un accord en trois points: réalisation d’une étude sur le maintien d’une buanderie publique, ouverture de négociations une fois les conclusions de l’étude connues et garantie d’emploi au sein de l’HFR pour l’ensemble des salarié·e·s.

Une méthode effarante

Contre toute attente, le jeudi 8 février à 7 heures, le personnel est averti de la décision de privatiser la buanderie de l’HFR. Une demi-heure plus tard, les organisations de salarié·e·s sont à leur tour informées.

Le conseil d’administration n’a articulé aucun chiffre et n’a pas tenu compte des propositions du personnel. Pire, les administrateurs ont passé outre les résultats de l’étude financière réalisée par le cabinet d’audit international Mazars SA. Cette étude concluait pourtant que le maintien d’une buanderie publique au sein de l’HFR serait plus économique que sa privatisation.

N’étant plus à ça près, le conseil d’administration s’est permis de déclarer à la presse «avoir traité ce dossier avec le plus de délicatesse possible».

Il n’y a pires sourds…

Le personnel avait pourtant élaboré et transmis au conseil d’administration une série de propositions concrètes il y a trois semaines. Il s’attendait naturellement à une rencontre et à une discussion sur ces perspectives.

Selon Gaétan Zurkinden, secrétaire syndical du SSP, «toute cette procédure est une vaste fumisterie. L’étude financière montre qu’il est meilleur marché de conserver une buanderie publique. Nous prenons le temps de rédiger avec le personnel une prise de position avec des propositions concrètes, et à la fin, le conseil d’administration s’en contrefiche».

Ce dernier oppose aux résultats de l’étude «les rentrées occasionnelles par la location des locaux occupés actuellement par la buanderie». Il estime également que le maintien de la buanderie nécessiterait la construction d’un nouveau bâtiment, ce que les salarié·e·s contestent énergiquement.

Mobilisation nécessaire

Le coup de force du conseil d’administration montre les limites de la politique de partenariat social. Il ne fait que renforcer le sentiment que, face à la froideur et au mépris affichés, seule la grève permet d’obtenir des résultats. Et c’est bien la grève des 12 et 13 juin 2017 qui a permis de garantir à l’ensemble du personnel un poste équivalent au sein de l’HFR en cas de privatisation de la buanderie.

Pour les salarié·e·s, il est de plus en plus évident que ce grand navire est aux mains d’un capitaine sourd et aveugle. Il s’agira donc de lui faire entendre raison et de lui ouvrir les yeux.

Pierre Girardet