Arabie Saoudite

Arabie Saoudite : Militantes des droits humains et féministes réprimées

Le procureur saoudien a requis la peine de mort pour cinq militant·e·s des droits humains, dont Israa al-Ghomgham, activiste saoudienne de confession chiite. Elle pourrait devenir la première femme du pays à être exécutée à cause de son engagement politique.

Jusqu’à présent, aucune militante des droits humains n’avait jamais été exécutée publiquement en Arabie saoudite. Le Royaume saoudien a néanmoins déjà ordonné l’exécution par balle de femmes reconnues coupables de meurtre – les décapitations étant réservées aux hommes – et exécuté pas moins de 48 personnes lors des quatre premiers mois de l’année, la moitié pour des affaires de drogue. C’est l’un des taux d’exécution les plus élevés au monde.

Israa al-Ghomgham, arrêtée avec son mari en décembre 2015, sera jugée par un tribunal pénal spécialisé créé en 2008 pour les affaires de terrorisme. Elle s’est fait connaître en documentant depuis le début de l’année 2011 les manifestations populaires contre le royaume saoudien dans la Province orientale, où se concentre la majeure partie de la population chiite qui subit de nombreuses discriminations.

Une répression organisée contre les féministes

La monarchie saoudienne a déjà réprimé d’autres activistes et féministes saoudiennes. Avant et après la levée de l’interdiction de conduire pour les femmes, les autorités saoudiennes ont incarcéré plusieurs militantes féministes. Certaines ont d’ailleurs dépassé les 100 jours d’emprisonnement. Les autorités les accusent de contacts avec «des entités étrangères», tandis que les médias d’État les ont qualifiées de «traîtresses».

Pour la monarchie saoudienne, la répression contre ces activistes et féministes répond à deux objectifs. D’une part, apaiser les milieux ultraconservateurs qui voient d’un mauvais œil les petites avancées de libéralisations, et d’autre part, dissuader les féministes saoudiennes de poursuivre leurs combats.

Cette répression contre des militantes des droits humains et féministes démontre toute l’hypocrisie des soi-disant réformes du prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS) pour libéraliser un ordre social profondément réactionnaire et conservateur, particulièrement concernant les droits des femmes qui ne peuvent par exemple toujours pas étudier et voyager sans autorisation préalable d’un parent de sexe masculin. Cette propagande mensongère est d’ailleurs soutenue par de nombreux gouvernements et médias occidentaux.

Par ailleurs, les états occidentaux continuent de vendre massivement des armes au Royaume saoudien, qui poursuit sa guerre meurtrière au Yémen. Les raids aériens de l’aviation saoudienne depuis plus de 3 ans ont fait plusieurs milliers de mort·e·s, déplacé plus de trois millions de personnes et plongé le pays dans une grave crise humanitaire.

En solidarité avec Israa et les féministes en Arabie saoudite, contre la monarchie despotique et réactionnaire des Saoud!

Joe Daher