Neuchâtel condamne la solidarité

En février, un pasteur du Locle s’est vu arrêter en plein culte pour avoir aidé, quatre ans plus tôt, un demandeur d’asile en fin de droits. Une Locloise est aussi sous le coup de l’ordonnance pénale qui est tombée à la fin du mois d’août.


Norbert Valley – Pierre Pistoletti

Une interpellation a été déposée au Grand Conseil pour dénoncer cette arrestation. Car ce sont le fond et la forme qui nous paraissent sévèrement condamnables.

Arrêter quelqu’un en plein culte dans l’exercice de ses fonctions alors qu’il n’y a aucune mise en danger d’autrui est inadmissible. Cette manière de faire est plus que discutable ; les démonstrations de force inutiles ne portent pas leurs fruits lorsqu’il est question d’asile, loin s’en faut! Et arrêter un citoyen en public dans l’exercice de ses fonctions pour des faits de cet acabit est contraire à la constitution cantonale. L’État se doit de protéger la dignité des citoyen·ne·s, pas de les écrouer en les faisant passer pour des grand·e·s criminel·le·s alors qu’ils n’ont fait que suivre leur conscience dans un esprit de charité et d’entraide.

Le canton souhaite-t-il condamner la solidarité, principe d’ailleurs inscrit dans la Constitution fédérale? En France, le Conseil constitutionnel a reconnu ce printemps le principe de fraternité comme essentiel à l’État de droit en relaxant trois personnes qui étaient venues en aide à des migrant·e·s qui souhaitaient entrer sur le territoire français. Finalement ledit délit de solidarité n’a pas été aboli comme le voulaient les mobilisations des sans-papiers car le parlement a préféré «l’assouplir». Notre canton serait-il encore moins attaché à l’entraide que son voisin?

Zoé Bachmann