Potere al Popolo!

Potere al Popolo! : Construire l'organisation et l'opposition sociale

Du 23 au 26 août s’est tenu le premier camping national organisé par Potere al Popolo! (PaP). Une force politique jeune mais qui a réussi, en peu de temps, à intervenir de manière significative aux côtés des travailleuses et travailleurs en lutte (solidaritéS, nº323).

PaP est née quatre mois à peine avant les élections nationales du 4 mars 2018. Plus de 500 personnes ont participé à ce camping. Les assemblées et les discussions informelles ont vu la matérialisation du peuple de PaP: de nombreux dialectes, une organisation méticuleuse jusque dans les moindres détails. Un «militantisme» riche et efficace.

Les deux assemblées centrales ont été suivies par un grand nombre de participant·e·s. La première, le vendredi soir, a porté sur la structuration et les formes de prise de décision au sein de PaP, la deuxième le samedi après-midi s’est penchée sur les défis posés par la construction d’une opposition sociale au gouvernement 5 Étoiles–Lega.

Un sujet politique autonome

Sans aucun doute, la première assemblée a été la «plus épineuse». La volonté d’organiser Potere al Popolo! sur un modèle participatif et décisionnel large, sans perdre en efficacité pratique, ne pouvait que mettre la pression sur les camarades qui appartiennent à des organisations politiques consolidées au cours des trente dernières années. Au congrès de juillet, le nouveau Parti communiste italien (PCI) a décidé de ne pas être un sujet interne à PaP, alors qu’au sein du Partito di Rifondazione Comunista (Prc), la tension entre ceux-celles qui veulent investir dans ce projet et ceux-celles qui s’y opposent est devenue très forte mais aussi publique.

La tentative de «réguler» le chemin en évitant des conflits profonds est compréhensible, mais les militant·e·s qui reconnaissent dans PaP un sujet autonome – les assemblées du camping ont confirmé qu’il s’agit de la grande majorité de ces militant·e·s – demande dorénavant des espaces, un temps et des modalités adéquates pour grandir et se développer en tant que force structurée. D’où les différences sur les règles à suivre afin que Potere al Popolo! puisse subvertir les modèles d’organisation top-down. Après tout, la première assemblée de novembre 2017 au Teatro Italia de Rome, n’avait-elle pas annoncé que «tout serait fait autrement»?

Cet esprit est clairement ressorti de l’écrasante majorité des discours prononcés lors de la réunion. Les adhésions ont donc commencé (jusqu’à présent les adhésions papier, bientôt aussi celles de la plateforme en ligne) et tous les adhérent·e·s inscrit·e·s à Potere al Popolo seront appelés à se prononcer au début du mois d’octobre sur le statut de l’organisation.

En Suisse aussi, le 29 août une campagne d’adhésion a commencé. Plus d’une trentaine de personnes étaient au rendez-vous. L’objectif: doubler au moins la mise!

Construire une opposition sociale

L’assemblée du samedi après-midi s’est consacrée aux initiatives à mettre en place durant l’automne à venir. L’assemblée a été ouverte par une introduction de Viola Carofalo, militante de longue date des mouvements sociaux napolitains, jeune chercheuse précaire et porte-parole de PaP. Dans son intervention, elle a été très attentive à la réalité sociale qui touche les exploité·e·s. Elle a explicitement appelé à une rupture avec les hésitations de la gauche traditionnelle.

Sont également intervenus également Aboubakar Soumahoro, syndicaliste de l’Union syndicale de base (Usb) sur les luttes des travailleurs·euses et des migrant·e·s des campagnes du Sud du pays, et Marcello, ouvrier de Bekaert, l’usine de Figline Valdarno (Toscane) que la multinationale belge veut délocaliser, mais qui a été occupée par les travailleurs. Un grand nombre de discours ont ensuite été prononcés pour illustrer les propositions de mobilisation, sans qu’aucune concession ne soit faite aux partis dits «de gauche» comme le Parti démocrate (PD) qui se présente aujourd’hui comme la seule opposition légitime au gouvernement actuel. Un parti qui est par ailleurs et heureusement fortement contesté par la base comme cela s’est vu lors de la manifestation de solidarité avec les migrant·e·s du bateau «Diciotti» à Catania.

Les interventions étaient claires et nettes: C’est à nous de construire une opposition sociale à un gouvernement qui se contente d’annoncer des changements radicaux, sans ne rien faire concrètement. Les travailleuses et les travailleurs doivent compter sur une mobilisation qui saisit cette contradiction et la décline dans une perspective «de classe». Il est évident que Potere al Popolo est une organisation en pleine croissance. Des moments politiques importants l’attendent (l’assemblée constituante et les mobilisations sociales en octobre et les élections européennes en 2019 par exemple) et des passages organisationnels visant à expérimenter une diversité et une rupture avec les pratiques de la gauche traditionnelle qui ont causé de sérieux dégâts et qui seraient fatales si elles se répétaient dans cette nouvelle phase. C’est pourquoi nous sommes optimistes et sensibles à l’idée de tout faire autrement.

Pour un sujet politique né dans une phase historique très difficile, c’est un défi à relever, mais l’intelligence politique et l’enthousiasme mis en œuvre par cette nouvelle génération de militant·e·s semblent extrêmement prometteurs.

Potere al Popolo Suisse