Cassis s'en va-t-en Zambie

Le conseiller fédéral en charge des affaires étrangères plastronne devant l’usine de Glencore en Zambie.

Ignazio Cassis ne craint pas de s’afficher aux côtés des représentants d’une multinationale mise en cause dans des affaires de corruption, d’évasion fiscale et de violations des droits humains, dont le nom apparaît 34 000 fois dans les «Paradise Papers» publiés en 2018 par le consortium international des journalistes d’investigation.

Devant la mine de cuivre de Mopani, qui ne paie pas d’impôts locaux sur ses bénéfices et qui rejette sans scrupule du dioxyde de souffre dans l’atmosphère, il affirme, sans vergogne, qu’il est «impressionné par les efforts» réalisés par Mopani Coppers et que la pollution de l’air est compatible avec les normes de l’Organisation mondiale de la santé.

Et pourtant… Le documentaire réalisé par le cinéaste suisse Daniel Schweizer Trading Paradise – qui montre la face sombre de la Suisse dans le négoce des matières premières – porte entre autres sur l’usine de Glencore en Zambie. Le réalisateur y met en lumière les souffrances des villageois·es qui vivent à côté de la mine et les atteintes à leur santé. Ces derniers·ères demandent depuis des années, sans succès, d’être déplacé·e·s et dédommagé·e·s pour la pollution et la perte de leurs terres agricoles. Mais Ignazio Cassis n’a pas daigné les rencontrer. Les critiques adressées à Glencore sont, d’après lui, révolues. Des affirmations démenties par Andreas Missbach de Public Eye, qui se trouvait sur place en 2018.

Monsieur Cassis s’inscrirait-il aussi en faux face aux images qui circulent sur le web, qui montrent des vigiles de Glencore au Pérou maltraiter violemment des paysannes avec leurs enfants, qu’ils chassent de leurs propres terres en leur jetant des pierres?

La Suisse vante sa politique humanitaire, de bons offices et d’aide au développement. Mais qu’en est-il de la politique d’une Suisse qui, au nom de son attractivité et de sa compétitivité économique, exporte du matériel de guerre et contribue à l’exploitation des peuples à travers le monde? Qui se propose d’offrir de nouveaux cadeaux fiscaux aux multinationales telles que Glencore, qui pillent et spolient les populations, détruisent leur environnement et se moquent bien des atteintes au climat?

Cette politique, nous devons la dénoncer et la combattre. Le non à la RFFA en mai et le soutien à l’initiative pour des multinationales responsables sont deux prochaines occasions de le faire.

Françoise Pitteloud

Membre du Collectif contre la spéculation sur les matières premières

Contre-forum à l’occasion du Sommet mondial des matières premières. Ateliers et conférences
Sa 23 mars 2019

10 h – 18 h, Pôle Sud, Lausanne