Entreprises minières
Entreprises minières : L'impunité jusqu'à quand?
Des centaines de personnes sont décédées ou portées disparues depuis l’effondrement d’un barrage au Brésil. Comment expliquer une telle catastrophe et, surtout, empêcher qu’elle se reproduise?
Le 25 janvier, dans la mine de fer de Córrego do Feijão au sud-est du Brésil, un barrage de l’entreprise minière Vale s’est effondré. Emportant tout sur leur passage, 12 millions de mètres cubes de déchets miniers toxiques se sont déversés jusqu’au Rio Paraopeba, affluent du deuxième plus long fleuve du Brésil.
Le bilan humain ne cesse depuis de s’alourdir: 134 décès, principalement des travailleurs·euses de la mine, et plus de 200 personnes encore disparues et probablement ensevelies.
Le principe des barrages miniers est le même qu’une retenue d’eau pour un barrage hydroélectrique. Mais comment expliquer qu’en 40 ans un seul barrage hydroélectrique ait cédé pour plus de 80 barrages miniers sur la même période?
Un barrage hydroélectrique rapporte de l’argent grâce à l’énergie qu’il produit, alors qu’un stock de déchets n’a pas de valeur économique. Les entreprises ne s’encombrent donc souvent pas de règles de construction plus strictes et donc plus coûteuses. Les conséquences sont dramatiques, plus particulièrement dans des zones tropicales où les effets du changement climatique sont plus intenses, comme au Brésil: les pluies torrentielles peuvent décupler la pression sur les parois.
Si l’enquête pour déterminer les causes du désastre de Córrego do Feijão est en cours, il y a fort à parier que ses conclusions seront les mêmes que dans les cas précédents: le barrage n’a pas cédé par accident, mais par négligence. Comme en témoigne l’installation de la cantine des ouvriers·ères au pied de l’édifice de 86 mètres de haut.
Ni les avancées techniques ni les promesses de développement durable ne pourront empêcher de nouvelles catastrophes minières. C’est la logique d’exploitation des ressources naturelles (renouvelables ou non) qu’il faut repenser à la lumière du changement climatique. À mesure que les ressources primaires s’amenuisent et que les teneurs baissent, la quantité de déchets augmente et ceux-ci sont plus toxiques. Il faut réduire la production et planifier la fermeture graduelle des mines industrielles – et pas seulement de charbon. À terme, il faut viser 100% de recyclabilité de tout produit contenant des métaux.
En termes de droits humains, nous devons exiger des pouvoirs publics des règles plus contraignantes pour les entreprises, comme le demande l’initiative pour les multinationales responsables. Et dans le cadre du mouvement climatique, il nous faut dénoncer l’extractivisme, charnière du capitalisme.
Pedro Spluzjoni
Rachel Gasser
Mercredi 30 janvier, à l’appel d’Ensemble à Gauche, des dizaines de personnes ont manifesté à St-Prex. Car c’est dans le canton de Vaud que Vale, pourtant détenue en partie par l’État brésilien, a son siège international depuis 2006. C’est là que transitent la plupart de ses flux financiers, profitant de généreux abattements fiscaux, au détriment des populations et des économies des pays producteurs