Commerce de l'or sale
Commerce de l'or sale : La Suisse s'en lave les mains
Le 23 mars prochain, le septième Contre-sommet des matières premières se tiendra à Lausanne (programme ici). Une manifestation aura lieu le mardi 26. Voici un article de Marc Ummel qui animera un atelier sur la Suisse et le commerce de l’or.
Manifestation de 2018. Cette année, elle aura lieu le mardi 26 mars. Rendez-vous à 18 h sur la place de la Gare de Lausanne. Ashley Moponda
Principal lieu de raffinage de l’or, la Suisse importe plus de la moitié de l’or commercialisé dans le monde et abrite quatre des six plus grandes raffineries mondiales. Plusieurs scandales ont démontré l’implication des raffineries suisses dans le traitement de l’or sale, en particulier dans le financement des conflits, le travail des enfants, le déplacement forcé des populations ou encore les impacts environnementaux. Face à ces problèmes, le Conseil des États a chargé le Conseil fédéral de publier un rapport sur le commerce de l’or produit en violation des droits humains et de proposer des mesures pour y remédier.
Publié en novembre 2018, le rapport du Conseil fédéral souligne que ni la législation en vigueur ni les normes volontaires du secteur privé empêchent l’importation en Suisse d’or extrait en violation des droits de l’homme. Il reconnaît que la traçabilité de l’origine de l’or est essentielle, alors que les raffineurs se contentent aujourd’hui généralement d’indiquer le dernier pays d’expédition qui n’est souvent pas le pays d’origine de l’or. Il affirme également que la position influente des raffineries dans la chaîne de production «leur confère un rôle dans la résolution de problèmes de non–respect des droits de l’homme». Malgré la reconnaissance des problèmes dans ce secteur à haut risque, le Conseil fédéral ne reconnaît pas la nécessité de légiférer dans ce domaine. Les propositions de mesures qui en résultent sont donc clairement insuffisantes.
En janvier 2019, l’Administration fédérale des douanes a toutefois pris une décision encourageante. Face à la pression de la société civile, des médias et des interventions parlementaires, elle accepté de publier les données précises sur l’origine des importations d’or des quatre principales raffineries en Suisse. Bien que cela permettrait d’augmenter la traçabilité de l’or, cette décision n’est toutefois pas encore entrée en vigueur à la suite du recours déposé par les raffineries. Preuve qu’elles ont encore d’autres scandales à cacher?
Marc Ummel Swissaid