Ni antisémites ni Islamophobes

À la suite des actes antisémites du 9 février (voir solidaritéS nº 344), les classes dirigeantes françaises, l’extrême droite et leurs relais médiatiques ont propagé un discours islamophobe sous couvert de lutte contre l’antisémitisme.

Pour Marine Le Pen et Zemmour, ces actes sont le produit d’une culture islamique intrinsèquement antisémite qui s’étend dans les banlieues au sein des classes populaires de confession musulmane. Ces personnages nauséabonds dénoncent aussi la gauche comme partie prenante de cet antisémitisme. «Alliée avec les populations musulmanes», elle est accusée d’«islamogauchisme».

Mais ce discours islamophobe se retrouve aussi chez les représentant·e·s de l’État et au sein des classes dirigeantes. Macron a ainsi parlé du développement en France d’un antisémitisme fondé sur l’islamisme radical, en parallèle d’un antisémitisme traditionnel.

Les racismes se nourrissent

Cette nouvelle offensive islamophobe cherche à diaboliser encore davantage les populations musulmanes en les accusant d’être à l’origine de la montée des actes antisémites, alors que ces derniers portent la signature idéologique de l’extrême droite et de groupes nostalgiques du nazisme. D’ailleurs, c’est un homme de 65 ans, conseiller financier au conseil départemental des Yvelines, qui a été arrêté le 28 février par des agents de la sûreté ferroviaire SNCF pour un tag antisémite dans la gare de Versailles. Lors de son arrestation, l’individu a reconnu avoir inscrit, dans des rames et des gares, une cinquantaine de croix gammées et tags antisémites: croix celtes, «Juden Raus» et autres. On est très loin du profil d’un·e jeune de confession musulmane de banlieue.

La source de la montée de l’antisémitisme n’est pas à chercher au sein des populations de confession musulmane, mais bien dans le développement des mouvements d’extrême droite en France et des politiques autoritaires, néolibérales et racistes des gouvernements successifs. Les différentes formes de racismes se nourrissent. Comme l’écrivait Simon Assoun, membre de la coordination nationale de l’Union juive française pour la paix (UJFP), en reprenant la phrase de Frantz Fanon «lorsque vous entendez parler en mal des pauvres, des Arabes, des Noirs, des musulmans, des Roms… tendez l’oreille, on parle des juifs»

Lutter contre l’antisémitisme signifie lutter contre toutes les formes de racisme y compris l’islamophobie.

Joseph Daher