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CFF : Patron millionnaire, employé·e·s... temporaires

« Système salarial équitable et progressiste » lit-on en guise de légende sur le site des CFF, sous la photo de deux employé·e·s souriant·e·s. Pourtant il y a un gouffre entre la précarité des temporaires et le salaire de plus d’un million du patron Andreas Meyer.

En tout, les 8 dirigeant·e·s des CFF encaisseront presque six millions, tandis que travailleurs et les travailleuses doivent se battre pour maintenir des fondamentaux que la direction essaye de rogner.

Nouvelle CCT 2019

Ce n’est qu’après neuf mois de dures négociations qu’une nouvelle CCT CFF/CFF Cargo a été signée en septembre. Votée par une Conférence CCT, elle n’était pourtant pas sans conséquence pour le personnel. Grâce aux mobilisations du Syndicat du personnel des transports (SEV) et des employé·e·s, les exigences ahurissantes de la direction ont été peut-être réduites et le congé paternité allongé de dix jours. Néanmoins, le personnel devra consentir à des sacrifices, notamment en participant désormais à hauteur de 40% aux coûts des absences pour cause de maladie au moyen d’une déduction de 1,2% sur le salaire mensuel introduite en trois ans.

Selon Siméon*, employé aux ateliers d’Yverdon, les sacrifices qui ont suscité le plus de réactions étaient la réduction des garanties Toco – qui se traduit par une baisse du revenu – pour quelques 700 personnes, le fait qu’il y ait qu’un seul weekend libre garanti par mois et aucune augmentation générale de salaire avant 2022.

Offensive permanente

Aveugle à ces sacrifices, Meyer vante les réductions indirectes des prix envisagées et le bénéfice 2018 de 568 millions comme des succès, dûs aussi au programme Railfit 20/30. Celui-ci visait des économies de 1,2 milliard de francs en quatre ans et la suppression de plus de 1400 postes. Il est à l’origine du lent remplacement des postes permanents par des temporaires qui ne bénéficient pas des droits les plus basiques car ils et elles ne sont pas couvert·e·s par la CCT CFF, même si certain·e·s travaillent pour les CFF depuis longtemps.

Même si le SEV leur offre la possibilité de se syndiquer, ils et elles sont sous-représenté·e·s et leurs revendications sont forcément moins prises en compte. La CCT CFF 2019 ne garantit notamment plus le droit à un poste fixe après quatre ans de travail.

Le quota des temporaires est fixé à 4%. Mais cette limite concerne l’ensemble du groupe CFF. Cela signifie que dans certains secteurs, comme le nettoyage – occupé principalement par des femmes et/ou des migrant·e·s – ce quota explose pour donner à l’entreprise la possibilité de flexibiliser au maximum les horaires et gérer ce secteur comme une boîte séparée dans laquelle les licenciements n’ont pas besoin d’être justifiés.

Il est évident que lors des négociations de la prochaine CCT en 2022 la direction reviendra à la charge. À ce moment-là, temporaires et permanent·e·s devront riposter ensemble.

Dimitris Daskalakis

* prénom d’emprunt