Compañeros

Compañeros : 12 ans dans les geôles uruguayennes

Si l’on juge une dictature à la manière dont elle traite ses prisonniers et prisonnières politiques, alors celle qu’a connue l’Uruguay il y a près d’un demi-siècle compte parmi les pires de l’histoire contemporaine. Pour s’en convaincre, on ira voir le terrible film d’Álvaro Brechner. Compañeros raconte les atrocités du régime militaire depuis l’intérieur, à travers les douze ans de détention de trois prisonniers politiques.

Rappel: en 1973, après un an de durcissement du régime uruguayen à coups de censure et d’arrestations arbitraires, l’armée prend le pouvoir. La junte fait enfermer des milliers d’opposant·e·s et mène, avec les autres dictatures du continent, une impitoyable répression – tortures, disparitions, assassinats – contre la gauche latinoaméricaine.

Au premier rang des victimes figurent les membres de la direction des Tupamaros, mouvement d’extrême gauche adepte de l’action directe. Plus que des détenu·e·s, ce sont de véritables otages que le régime enferme dans des casernes militaires et menace d’exécuter à la moindre manifestation violente de la guérilla. Le film de Brechner s’attache à trois de ces otages – dont le futur président du pays José Mujica – baladés durant douze ans de cellule en cellule, longtemps interdits de toute communication avec l’extérieur et victimes de torture physique et psychologique.

Une œuvre salutaire, dont la forme retranscrit l’horreur de l’enfermement et qui a récolté le Prix du public et le Prix spécial du jury au dernier festival de Fribourg.

GR