Vers la grève

Vers la grève : Le 14 juin 2019: toutes* en grève!

Nous retranscrivons ici l’essentiel de l’appel pour une grève féministe et des femmes* le 14 juin qui a été adopté lors des assises nationales à Bienne le 10 mars.

Nous sommes celles à qui on a confié le travail domestique, éducatif et de soins à la maison, sans lequel la société et l’économie ne fonctionneraient pas. Mais nous manquons d’argent et de temps.

  • Nous voulons des salaires égaux pour un travail de valeur égale. Nous voulons la valorisation des métiers « féminins » et leur juste rémunération, des assurances sociales qui nous garantissent des rentes dignes sans augmenter notre âge de la retraite. Nous voulons des conditions de vie et des opportunités qui garantissent une vraie égalité dans le travail rémunéré et non rémunéré.
  • Nous voulons une politique économique qui met le travail de care, rémunéré ou pas, au centre et qui le finance. Nous voulons la reconnaissance et un partage égal du travail domestique, sa valorisation économique, des congés maternité, parentaux et pour les enfants ou les proches malades, ainsi que des services publics gratuits qui répondent à tous ces besoins.
  • Nous voulons la réduction générale du temps de travail, au même salaire et avec un salaire minimum, pour mieux partager travail rémunéré et travail non rémunéré et parce que le modèle d’économie capitaliste déprécie les personnes et dégrade les ressources naturelles de notre planète.
  • Nous voulons un statut régularisé et une législation qui protège celles parmi nous qui viennent d’autres pays souvent pour s’occuper des enfants, des malades et des personnes âgées et permettent à d’autres femmes*, ainsi qu’à leur partenaire, de faire carrière. Nous affirmons notre solidarité et le droit pour toutes* à de bonnes conditions de travail et de vie. Nous combattons la double discrimination des femmes migrantes.

Dans un système patriarcal et capitaliste qui hiérarchise le masculin et le féminin, nous sommes celles qui sont exposées au sexisme, aux discriminations, aux stéréotypes et aux violences, sur le lieu de travail, dans la formation, dans la rue, à la maison et dans les institutions étatiques.

  • Nous voulons la liberté de nos choix en matière de sexualité et d’identité de genre. Nous exigeons que nos corps et nos vies soient respectées et nous refusons la violence sexiste et LBTQI-phobe.
  • Nous voulons mettre fin à l’impunité et à la banalisation des violences sexistes et exigeons un plan national de prévention et de lutte qui mette aussi en œuvre la Convention d’Istanbul. Les violences sexistes et sexuelles doivent être reconnues comme motif d’asile.
  • Nous voulons des mesures de protection pour les migrantes qui, dans leur pays d’origine, sur le parcours migratoire ou ici, subissent des violences psychologiques, physiques et sexuelles. Nous exigeons qu’elles aient le droit de rester.
  • Nous voulons disposer librement de notre corps. Nous voulons une société sans entraves et de l’assistance pour que les femmes avec handicap puissent vivre librement. Nous voulons la gratuité de l’avortement, de la contraception et des traitements de transition basés sur l’autodétermination. Nous voulons la suppression des taxes roses sur les produits d’hygiène féminine.

Nous sommes celles dont on ne parle pas dans les livres d’Histoire, celles qui n’apparaissent qu’en incise dans un espace public et politique conçu par et pour des hommes, celles qu’on éduque à se conformer à une représentation stéréotypée de « la femme » ou que l’on écarte du pouvoir.

  • Nous voulons que les établissements de formation soient des lieux d’émancipation et d’éducation à l’esprit critique et d’éducation à l’égalité, au consentement, à la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre ainsi qu’au respect mutuel.
  • Nous voulons mettre fin aux stéréotypes de genre dans la culture, les médias, l’éducation et la publicité et redéfinir l’espace public et politique afin d’y occuper la place qui nous revient, soit la moitié au moins.
  • Nous voulons lancer le débat de société sur ce système économique capitaliste qui profite à une minorité alors que la majorité de la population mondiale, en particulier les femmes, est exploitée et vit dans la misère et que le climat est en danger.
  • Nous sommes fortes telles que nous sommes et nous revendiquons le droit de vivre libres dans une société qui garantit des droits égaux pour toutes*, une société solidaire, égalitaire et libre de toute forme de violence, en particulier faite aux femmes* et libre de féminicides.

C’est pourquoi le 14 juin 2019, nous ferons la grève. La grève du travail rémunéré, la grève du travail domestique, la grève du « prendre soin », la grève à l’école, la grève de la consommation. Pour que notre travail soit visible, pour que nos revendications soient entendues, pour que l’espace public soit à nous toutes*!