MST-Brésil: la Construction d’un mouvement social

MST-Brésil: la Construction d’un mouvement social

«Le mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) est, sans aucun doute, l’un des mouvements sociaux les plus importants d’Amérique latine». Depuis une vingtaine d’années, ses luttes ont permis l’installation de 350000 familles sur des terres conquises. En publiant cette traduction du livre de Harnecker , le CETIM comble un vide important dans l’édition française. Ceci est d’autant plus nécessaire aujourd’hui, que le MST représente l’une des principales forces populaires à rappeler ses engagements sociaux au gouvernement Lula.


L’ouvrage de Marta Harnecker, journaliste, militante et chercheuse très réputée en Amérique latine, est divisé en cinq parties: l’histoire, les occupations et campements, l’établissement des communautés, l’éducation et l’organisation interne. Il se propose de faire comprendre l’expérience du MST pour inciter d’autres travailleurs ruraux à s’en inspirer. Fondé sur un grand nombre de témoignages oraux, il est une illustration des méthodes d’investigation développées par le Centre de recherche Mémoire populaire latino-américaine de Cuba.


L’historique s’intéresse aux ligues paysannes de l’après-guerre, au choc de la dictature, au contexte de la création du mouvement et aux étapes de son développement. L’enquête se poursuit par un examen très détaillé et vivant de l’occupation des terres, de l’organisation des campements et de la poursuite de la lutte au sein des «communauté» légalisées. A chaque étape, l’éducation fait l’objet d’une attention particulière: le contenu des enseignements et la pédagogie développée sont en étroite harmonie avec les objectifs du mouvement. Ce tour d’horizon débouche sur un examen de l’organisation interne du MST et des principes qui la régissent.


En postface, la traduction d’un entretien avec Joao Paulo Stedile, l’un des principaux responsables et inspirateurs du mouvement, parue au printemps de cette année. «Le gouvernement Lula doit avoir le courage d’affronter le latifundio, affirme-t-il. Pour cela, il doit prendre des mesures rapides (…) Il pourrait commencer par exproprier le plus grand latifundio de chacun des 27 Etats de la Fédération brésilienne. Ou, qui sait, le plus grand latifundio propriété d’une entreprise multinationale qui n’a pas l’agriculture comme activité principale…». Mais, le MST ne se contente pas de proposer des mesures exemplaires aux gouvernement, il renforce aussi la mobilisation pour faire avancer le mouvement sur le terrain.

(jb)

Marta Harnecker, La Construction d’un mouvement social, édition française, Genève, CETIM, septembre 2003.