Plateforme 10

Risques pour le personnel et pour l'indépendance des musées

Le Musée cantonal des Beaux-Arts a ouvert ses portes à Lausanne. Il sera rejoint en 2021 par le Musée de l’Élysée et le mudac. Si le projet, baptisé Plateforme 10, offre de réelles qualités urbanistiques et culturelles, il présente aussi des risques.

plateforme_10

Dans la Loi sur la Fondation de droit public Plateforme 10 soumise au Parlement, le Conseil d’État a en effet prévu des dérogations au statut du personnel de l’État de Vaud, défavorables aux employé·e·s. Ces dérogations visent en particulier à affaiblir la protection contre les licenciements, en supprimant l’obligation pour l’employeur de replacer un·e employé·e au sein de l’administration cantonale lorsqu’un poste est supprimé, cas échéant moyennant une formation payée par l’État. Cette précarisation du personnel des trois musées est combattue au Parlement par des amendements déposés par des député·e·s de gauche.

Des sponsors qui font tache

Le choix d’une Fondation pour diriger les trois musées vise par ailleurs à faciliter les dons de sponsors et mécènes privés. Un soutien qui ne va évidemment pas sans contrepartie publicitaire, le Conseil d’État prévoyant l’inscription du nom des donateurs·trices sur les publications, programmes, cartons d’invitations ou espaces au sein des musées. Parmi les sponsors de Plateforme 10, figurent déjà Nestlé, Philipp Morris ou encore la Fondation Gandur pour l’Art, du nom d’un homme d’affaires vaudois, fondateur du complexe pétrolier AOG, dont les activités en Afrique ont fait l’objet de critiques venant de plusieurs ONG. En 2016, un partenariat entre le Musée d’art et d’histoire de Genève et cette Fondation a été rejeté en votation populaire.

Les représentants d’Ensemble à gauche au Grand Conseil proposent d’empêcher, par des amendements à la loi sur la Fondation Plateforme 10, le sponsoring provenant d’entreprises ou de particuliers dont les activités commerciales sont contraires aux objectifs de santé publique, de réduction des émissions de CO2 ou de respect des droits fondamentaux. Ces amendements visent aussi à ce que la Fondation n’accepte aucune intervention sur le contenu artistique et scientifique de ses activités de la part des sponsors.

Hadrien Buclin