Les États-Unis face au déluge
Alors que le coronavirus se propage, que l’économie s’effondre et que l’anxiété est partout, les réponses du gouvernement fédéral et des États restent lentes et médiocres. De leur côté, les travailleurs·euses et les communautés ont commencé à s’organiser à distance.
Aux États-Unis, les cas de coronavirus ont commencé à augmenter de façon exponentielle. À ce jour (21 mars), nous comptons 21 365 cas et 266 décès. Le centre pour le contrôle des maladies estime que, dans le pire des cas, entre 160 millions et 214 millions de personnes aux États-Unis pourraient être infectées et qu’entre 200 000 et 1,7 million pourraient décéder.
Trois États – la Californie, New York et l’Illinois – ont demandé à tou·te·s les résident·e·s de rester à la maison, sauf raison impérieuse. Partout dans le pays, de nombreux États et villes ont fermé leurs écoles, ordonné la fermeture de tous les bars et restaurants, et de nombreuses entreprises de vente au détail et de fabrication sont également fermées. L’économie est en train de s’arrêter.
Le marché boursier états-unien est en chute libre. Il connaît maintenant une baisse de 35 % par rapport à son pic de février. Les économistes de Goldman Sachs prévoient que le PIB états-unien pourrait perdre 24 % de sa valeur, soit trois fois plus qu’en 2008. Les États-Unis risquent bien d’entrer dans une période de dépression.
Peu ou pas de protection pour les précaires
Les États-Unis n’ont pas de système national de santé et des dizaines de millions de travailleurs·euses états-unien·ne·s n’ont ni assurance maladie, ni congés maladie payés. Le gouvernement du président Trump a mal géré la pandémie de coronavirus, n’agissant pas pendant plus d’un mois, tandis que Trump lui-même a minimisé à plusieurs reprises la gravité de la situation. Les agences de santé américaines tentent maintenant de rattraper le temps perdu, mais il y a un manque de lits d’hôpitaux et de fournitures médicales.
Certain·e·s employeurs·euses ont essayé de maintenir les salaires de leurs salarié·e·s et leur offrent des congés maladie payés. Mais d’autres ferment les portes sans rien donner rien aux travailleurs·euses.
De maigres réactions des autorités
Le Congrès états-unien a examiné trois projets de loi. Le premier, le « Coronavirus Preparedness Act », fournit 8,3 milliards de dollars pour la recherche et le développement en matière de vaccination, ainsi que des masques et des équipements de protection pour les agences de santé. Il offre également des prêts aux petites entreprises. Le Congrès l’a adopté et Trump l’a signé le 6 mars.
Le second, le « Families First Act », prévoit une aide alimentaire estimée à 100 milliards de dollars pour les enfants. Il fournit aussi des allocations chômage pour les travailleurs·euses licencié·e·s, des fonds de santé pour les fonctionnaires des États et des collectivités locales, ainsi que des tests gratuits de dépistage du coronavirus pour ceux·celles qui ne peuvent pas les payer et des remboursements pour les entreprises qui accordent aux travailleurs·euses des congés maladie payés. Le Congrès l’a adopté et Trump l’a signé le 18 mars. La loi exclut cependant toutes les entreprises de plus de 500 travailleurs·euses et toutes celles de moins de 50.
Dans un troisième projet de loi, les républicains ont proposé un paiement unique et progressif allant jusqu’à 1200 $ aux contribuables américains gagnant moins de 99 000 $ par an. Le coût estimé de ce projet se situe entre 750 milliards et deux trilliards de dollars. Il comprend jusqu’à 50 milliards de dollars d’aide aux compagnies aériennes, 8 milliards de dollars aux sociétés de fret et 150 milliards de dollars aux autres entreprises touchées par le virus.
L’entraide pour la survie
Certain·e·s travailleurs·euses ont quitté leur emploi pour exiger que leurs employeurs·euses rendent les lieux de travail sûrs ou les ferment. Les enseignant·e·s ont exigé la fermeture des écoles, les infirmiers·ères luttent pour des conditions de travail sûres.
Les réseaux communautaires ont commencé à s’organiser pour s’entraider, pour fournir de la nourriture aux personnes âgées par exemple.
Bien qu’une telle entraide soit précieuse, seul le gouvernement peut faire face à une telle crise. La primaire démocrate est quasiment terminée, Joe Biden ayant remporté bien plus de délégué·e·s que Bernie Sanders. La compétition se déroulera donc entre le réactionnaire raciste Trump et le néolibéral Biden. Ce dernier n’a pas grand-chose à dire sur le coronavirus ou la crise économique. On se demande comment les élections nationales pourront se tenir en novembre, certains défendent le vote par correspondance. En vrai, personne n’y prête guère d’attention pour l’instant, la préoccupation principale en ce moment étant la survie.
Dan La Botz