Cité Léopard

Ensemble contre les expulsions

Contre des menaces d’expulsion, les habitant·e·s de la cité se sont organisé·e·s collectivement. Leur lutte a donné des premiers succès.

Cité Léopard, Genève, 2020

Fin juillet 2020 : plusieurs journaux mettaient à jour la situation de dizaines de familles dans cinq immeubles de la Cité Léopard à Carouge : « Des dizaines de familles menacées d’expulsion », « Carouge, octogénaires expulsés », « leur cité va être rasée, ils ont dû mal à se reloger », etc.

Depuis plus de dix ans un projet immobilier de démolition et de reconstruction est en cours, prévoyant des logements et des espaces commerciaux locatifs, une ludothèque, un espace de rencontre, le tout autour d’une grande cour intérieure. Cependant rien ne s’est passé comme prévu dans la planification de démolition. De plus, la prise en charge des familles concernées était « gérée », selon les locataires, de façon menaçante et agressive : informations inexistantes, propositions de relocation aux loyers beaucoup trop élevés, dysfonctionnements de communication avec la SUVA et Gérofinance.

Ces familles se retrouvaient dans la crainte d’une d’expulsion, la régie Gérofinance-Dunand et la Suva propriétaire du terrain leur ayant signifié des résiliations de bail au 31 juillet 2020 et un état des lieux de sortie au 5 août 2020, alors qu’il n’y avait toujours pas d’autorisation de construire.

Grâce à une réaction rapide et spontanée, des militant·e·s de l’Association Carouge Est et du Silure ont organisé une première assemblée générale des habitant·e·s de la Cité Léopard le 27 juillet 2020 dans la cour existante. Cette première a réuni pas moins de septante habitant·e·s, et personnes venu·e·s en soutien. Mot d’ordre de cette assemblée : « Aucune expulsion sans relogement. »

Cette initiative a permis un mouvement de lutte collectif, un espace de parole libérée et une synergie des forces. Certain·e·s habitant·e·s ont pris cette lutte à bras-le-corps et l’on peut être certain·e·s qu’iels ne lâcheront rien.

Cette première assemblée aura également permis à la Commune de saisir l’ampleur de la détresse et des pressions exercées sur les familles. Quant à la SUVA, elle s’est engagée à suspendre toute procédure d’expulsion. La mairie a lancé dès septembre une task force avec la SUVA, Gérofinance, les fondations immobilières, le service social communal et un médiateur en contact direct avec les familles concernées afin d’échanger et régler tous les problèmes administratifs qui ont émergé.

Barbecue et espaces de réunion

Depuis, deux autres assemblées ont permis de venir en aide aux habitant·e·s, dont certain·e·s, déjà relogées entre-temps à Carouge ou ailleurs dans le canton, continuent de participer en soutien aux autres familles. Un formidable barbecue organisé par les habitant·e·s a permis un moment de convivialité et de détente dans la lutte. La Commune va mettre à disposition une tente afin de pouvoir tenir les prochaines assemblées malgré les intempéries. L’appartement vide nº 32 a été mis à disposition afin de pouvoir tenir des séances de soutien informel, légaux et administratifs. Trois listes sont créées :

Liste des personnes ayant trouvé un appartement
Liste des personnes n’ayant pas trouvés d’appartement ou que des propositions trop chères
Liste des personnes qui souhaitent revenir à la Cité Léopard lorsque les travaux seront finis

Premier succès

Point positif : à ce jour (AG du 28 septembre), une dizaine de familles ont trouvé un appartement (quatre familles aux Tours-de-Carouge et six autres ailleurs dans le canton).

Il s’agit encore de trouver une solution individuelle pour chacun·e·x car des échéances telles que les autorisations de construire vont tomber fin octobre et qu’il reste encore quarante à cinquante familles à reloger. Le mot d’ordre reste toujours le même, toutes et tous seront là jusqu’au relogement de la dernière famille. Personne ne sera abandonné.

Marjo Blanchet