Colombie: Nestlé bafoue les droits syndicaux

Colombie: Nestlé bafoue les droits syndicaux

La multinationale suisse Nestlé est bien connue pour le peu de cas qu’elle fait des droits élémentaires des travailleuses et des travailleurs, en particulier lorsque ceux-ci se trouvent dans des régions de la périphérie. Loin des yeux, loin du cœur…


Nestlé est un des plus grand groupe agroalimentaire du monde et le moins que l’on puisse dire c’est que ses affaires vont plutôt bien… En 2002, la multinationale a obtenu un bénéfice net de 7,56 milliards de francs, représentant une progression du bénéfice net de 19% par rapport à 2001. Cependant, c’est bien connu, l’appétit vient en mangeant… Le groupe a donc lancé un programme de réduction drastique des dépenses superflues – tout du moins, considérées comme telles depuis les bureaux de Vevey – et d’augmentation de la productivité. Les mesures prises devraient engendrer près de 5,5 milliards d’économies d’ici à 2006.


Parmi les aménagements mis en place, la non reconduction, en février 2002, de la convention collective de travail, jusqu’à lors en vigueur dans l’entreprise Cicolac (Compañia Colombiana de Alimentos Lácteos SA), propriété du groupe helvétique depuis 19971.


En 2001, la multinationale a importé en Colombie 15000 tonnes de lait en poudre, correspondant à 116 millions de litres de lait frais qui auraient pu être achetés localement. Ce faisant, Nestlé, tout comme avec l’accumulation massive de stocks de café, peut imposer ses prix sur le marché. Outre sa politique commerciale scandaleuse et le peu de cas qu’il fait de la protection de l’environnement, le groupe helvétique s’est continuellement illustré par son non respect des droits des travailleuses et des travailleurs dans un pays où les tensions sociales sont à leur comble.


L’activité syndicale, en Colombie en général et au sein de Nestlé en particulier, se solde régulièrement par des disparitions ou morts violentes. Rien qu’au sein des différentes entreprises du groupe Nestlé en Colombie2, il y a eu, entre 1986 et 2002, 8 assassinats de syndicalistes perpétrés par les Sicarios, de nombreux attentats, arrestations arbitraires et autres manœuvres d’intimidation.


Bien qu’aucune preuve de responsabilité directe de Nestlé dans ces assassinats n’ait été apportée, de nombreux observateurs soulignent la passivité coupable de la multinationale suisse face aux menaces régulières dont sont l’objet ses travailleurs syndiqués.


En réaction au cynisme froid et brutal de la multinationale suisse, de nombreuses associations et syndicats helvétiques ont lancé une campagne de soutien aux travailleuses et travailleurs de Nestlé Colombie3, à laquelle solidaritéS apporte son soutien, et organisent une manifestation devant le siège du groupe à Vevey ce vendredi 19 décembre, à 14h15.


Erik GROBET

  1. Fondée par Nestlé et la compagnie US Borden en 1944, CICOLAC devient propriété de Borden en 1982, lorsque les deux groupes cessent leur collaboration, avant d’être rachetée par Nestlé en avril 1997.
  2. Nestlé de Colombia SA, Comestibles La Rosa SA et CICOLAC SA.
  3. Une pétition peut être signée sur: www.colonialismus.ch/Documents/signinfr.php