Lausanne se rêve 0 % carbone

En ratifiant l’accord de Paris, la Confédération s’est engagée à réduire ses émissions de 50 % d’ici 2030 par rapport à 1990. Des objectifs modestes mais difficiles à tenir dans la configuration actuelle. 

La ville a accéléré la mise en place de pistes cyclables lors du premier confinement
La ville a accéléré la mise en place de pistes cyclables lors du premier confinement

 La pandémie de Covid-19 nous a démontré à quel point notre système politique – décentralisé, fédéraliste et ouvert au vent de tous les lobbys – est peu à même de gérer une urgence sanitaire. Il est à craindre qu’il en soit de même pour l’urgence climatique, la Confédération étant tributaire de la bonne volonté des acteurs régionaux pour honorer ses engagements internationaux. 

À l’échelle de la Municipalité lausannoise cependant, la bonne volonté ne manque pas : son plan climat, dévoilé début janvier 2021, est étonnamment ambitieux. La Municipalité annonce vouloir une ville 0 % carbone, 100 % solidaire. Ses mesures fortes concernent avant tout la mobilité, le chauffage et l’infrastructure urbaine. Lausanne va devenir la moins accueillante possible pour la voiture.

Nouvelles pistes cyclables, multiplication des zones 30, extension de la zone piétonne, création de centralités de quartier, baisse des prix des transports publics pour les certaines catégories d’usagers·ères sont prévues. Autant de mesures à saluer, la mobilité représentant actuellement 22 % des émissions directes de la ville. Reste à savoir quand ses mesures seront mises en œuvre, car aucun calendrier n’a été annoncé. À combien sont-elles budgétées et comment seront-elles financées ? Là encore, le plan est muet. Reste surtout à savoir si ces mesures sont suffisantes pour parvenir « à zéro émission directe d’ici à 2030 dans le domaine de la mobilité » ou encore à « renoncer dès 2030 à tout véhicule thermique » comme le prévoit la Municipalité. Chacun et chacune pourra en juger sur le site de la Ville.

Ça toussotte au niveau de la chaudière

En ce qui concerne le chauffage, qui à lui seul représente 57,6 % des émissions directes lausannoises, les marges de manœuvre de la Ville sont plutôt limitées, ce que sa communication tonitruante s’abstient de mentionner. Là encore, les objectifs sont ambitieux, notamment 75 % des habitant·e·s connecté·e·s au chauffage à distance d’ici à 2050. Ambitieux au vu des moyens disponibles (la Ville n’a pas la compétence de forcer les propriétaires dans leur choix énergétique), presque ridicule dans son calendrier d’application (2050, on n’est clairement pas dans la gestion de crise). 

Ce plan climat doit encore être adopté au Conseil communal lausannois. Ce sera probablement presque une formalité au vu de la majorité rose-verte. Espérons que cet effort de planification se concrétisera très rapidement par des mesures fortes. Car nous le savons désormais : les urgences s’imposent. 

Séverine Scott