Danemark

Renvois des réfugié·e·s syrien·ne·s : une honte !

Le gouvernement socio-démocrate du Danemark accélère les retraits de permis de séjour à des réfugié·e·s syrien·ne·s du fait d’une situation jugée « sûre » dans la capitale syrienne et ses environs. 

Faeza, réfugiée syrienne au Danemark, qui va être expulsée
Faeza, Syrienne de 25 ans, est arrivée au Danemark en 2014. Son titre de séjour lui a été retiré début avril.

Depuis l’été 2020, 189 Syrien·ne·s se sont vu·e·s privé·e·s de permis de séjour suite à la décision de Copenhague de réexaminer les dossiers d’environ 1250 Syrien·ne·s originaires de Damas, sous la domination du régime de Bachar el-Assad. Le motif ? La situation actuelle n’y est plus de nature à justifier un permis de séjour. Une partie des débouté·e·s, qui n’avaient à l’origine obtenu qu’un permis temporaire, ont été placé·e·s en centre de rétention. 

Le groupe fascisant Génération Identitaire s’en est réjoui et a posé des affiches où l’on peut lire : « Bonne nouvelle, vous pouvez maintenant retourner dans votre Syrie ensoleillée, votre pays a besoin de vous ». Cependant, les expulsions restent pour l’heure suspendues, en l’absence de liens entre le gouvernement danois et le régime syrien.

Cette décision du gouvernement danois s’inscrit dans une série de mesures qui visent les populations étrangères. Les autorités ont imposé l’enseignement des « valeurs danoises » aux enfants des quartiers paupérisés et fortement habités par des populations musulmanes que le gouvernement a qualifiées de « ghettos ». Ils ont en outre doublé les peines pour certains crimes dans ces zones. Des centaines de réfugié·e·s somalien·ne·s ont également perdu leur permis de séjour après que le Danemark a jugé la Somalie comme pays sûr.

En décembre dernier, l’interdiction d’expulsion de l’Allemagne vers la Syrie a expiré. Cela permet à Berlin d’expulser des individus ayant commis des infractions pénales ou considéré·e·s comme présentant un risque grave pour la sécurité publique. Toutefois, le pays scandinave est le premier de l’UE à renvoyer en Syrie des réfugié·e·s qui n’ont pas enfreint la loi.

Situation sûre ?

La Syrie souffre de destructions massives et son économie est aux abois avec plus de 90 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté.  Le régime despotique de Bachar al-Assad a reconquis les deux tiers du territoire.

Des groupes de défense des droits humains ont fait état de diverses menaces à l’encontre des réfugié·e·s qui retourneraient en Syrie. Des centaines de Syrien·ne·s rentré·e·s au pays ont disparu, tandis que les futur·e·s rapatrié·e·s risquaient d’être détenu·e·s, torturé·e·s et tué·e·s, selon le Réseau syrien des droits de l’homme et d’autres organisations. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a déclaré sa préoccupation de la décision des autorités danoises et ne considère pas que la situation soit suffisamment stable pour justifier la fin de la protection internationale des réfugié·e·s syrien·ne·s.  

Défendons le droit de rester de tou·te·s les réfugié·e·s dans des conditions dignes et opposons-nous à ces politiques morbides de la forteresse Europe. 

Joseph Daher