Sans opposition, le Grand Conseil avalise l’allègement de la transparence fiscale
En 2010, lorsque Jean Studer étaint ministre des Finances, 21 entreprises bénéficiaient d’allègements fiscaux pour une durée de dix ans dans le canton de Neuchâtel. En 2022, selon son successeur, il n’en reste plus que 2.
Que sont devenues les 19 entreprises disparues de cette statistique ? Le délai de 10 ans est-il échu ? Sont-elles parties sous des cieux (fiscalement) encore plus accueillants ? Ont-elles fait faillite ou cessé leurs activités ? On n’en sait et on n’en saura rien…
En effet, le conseiller d’État « socialiste » Laurent Kurth a fait adopter, lors de la dernière session du Grand Conseil, le principe « d’être le plus discret possible sur les allègements fiscaux ». Dorénavant, pour connaître ceux-ci, les communes devront faire une demande expresse.
Là où les choses se corsent, c’est que la modification législative proposée par l’actuel ministre des Finances a été adoptée sans opposition par le Grand Conseil ! Le groupe socialiste s’est contenté d’un timide bémol : « Il serait dommage que la méfiance envers la politique s’en trouve renforcée » (Marinette Matthey, porte-parole du PS Neuchâtel). À quoi s’ajoute le silence olympien des Vert·e·s et du POP !
Dans une brochure, Les socialistes et la conquête des pouvoirs publics (1899), le regretté Paul Lafargue écrivait : « Le socialiste ministre concourt pour sa part, petite ou grande, directe ou indirecte, à la bonne exécution des mesures que prend le Conseil des ministres, non pour développer le socialisme, mais pour avancer les affaires du Capital. » Les membres du PS, des Vert·e·s et du POP feraient bien de méditer ce constat prémonitoire.
Hans-Peter Renk