Un charivari anti-banques rend la police nerveuse

Apprenant que la journée de l’Association Suisse des Banquiers (ASB) se déroulerait exceptionnellement à Neuchâtel jeudi 15 septembre, des militant·e·s ont rapidement formé un collectif destiné à préparer un accueil à ces maîtres du monde.

Action contre l'Association Suisse des Banquiers à Neuchâtel

Le collectif n’a pas demandé un droit de manifestation, il l’a exercé. La dénonciation a plutôt bien marché. Malgré un temps exécrable qui a réduit quelques activités sur la voie publique, la manifestation a rassemblé une cinquantaine de personnes au milieu de l’après-midi. Les slogans, les banderoles, tout comme le texte du tract distribué aux passants de la zone piétonne, avaient une orientation résolument anticapitaliste.

Ce type d’initiative est véritablement à saluer. Trop souvent, pour ne pas dire en permanence, le monde bancaire bénéficie de la discrétion pour ses juteuses affaires. En public, c’est le sourire de Federer qui est associé aux opérations financières. Le financement des énergies fossiles, des marchand·e·s d’armes et de l’exploitation disparaît dans les salons feutrés des hôtels de luxe. Dénoncer la finance suisse à chaque occasion possible est un acte militant indispensable.

La couverture médiatique a permis de donner un visage, même avec nos masques colorés, et exposer un contenu durant cette action. Dans l’édition de samedi du quotidien régional, une page entière était consacrée aux manifestant·e·s et à leurs arguments. Autant d’espace rédactionnel que celui consacré à l’assemblée de l’ASB. Des images et des interviews ont aussi été diffusées sur la chaîne RTS et sur la télévision et la radio locales.

En soirée, nous avons pu discuter de l’évolution et de la situation de la place financière suisse avec une conférence bien fréquentée de l’historien Sébastien Guex.

La police a été largement présente pour « couvrir » les banquiers·ères. Un grand périmètre de sécurité avait été imposé dans le centre de la ville de Neuchâtel. Certains policiers n’ont visiblement pas supporté cette contestation. Devant l’hôtel où les banquiers·ères goûtaient les flûtes d’un « apéro riche », des manifestant·e·s ont été abondamment aspergé·e·s de gaz au poivre et ont reçu de violents coups de matraque. Une militante est ensuite brutalement arrêtée et emmenée au poste de la police cantonale. Un groupe s’est rapidement déplacé vers la caserne de police pour la soutenir. Notre camarade a néanmoins été relâchée dans la soirée. 

Cette arrestation, pour être soupçonnée d’avoir coupé une rubalise, est totalement disproportionnée, et est visiblement destinée à dissuader à l’avenir de nouvelles actions.

Pourtant elles ne manqueront pas, car les sujets nécessitant des actions déterminées sur l’espace public sont multiples. Les forces du collectif se sentent le droit de récidiver.

José Sanchez