Controverse

Un «populisme de gauche», pas très original…

Le mensuel Voix Populaire de février 2023 présente un essai de Jean-Marie Meilland, «La politique des sentiments : plaidoyer pour un vrai populisme de gauche» (2022), qui défend des thèses très contestables.

Manifestation contre la première initiative Schwarzenbach
Manifestation contre la première initiative Schwarzenbach, Genève, 1970

Selon Meilland, « les dirigeants de la gauche mettent par trop l’accent sur les combats sociétaux et non sociaux, comme les luttes antiracistes ou LGBT ». Il oublie que le capitalisme engendre l’exploitation, mais aussi l’oppression sur divers aspects (discrimination raciale, de genre ou d’orientation sexuelle). 

Pour celui-ci, la classe ouvrière est essentiellement titulaire du passeport suisse. Il faudrait tenir compte de ses « inquiétudes, parfois fantasmées, mais légitimes, face par exemple au risque d’afflux de travailleurs étrangers ou à l’islamisme ». Et de surenchérir : « Face au comportement inadéquat d’une minorité de réfugiés, les politiciens de gauche ne doivent pas se taire par crainte d’être accusés de sympathies racistes»

Malheureusement, les idées de Meilland ont déjà été appliquées. Ainsi, en 1957, Willi Ritschard (alors parlementaire et futur conseiller fédéral «socialiste») dénonçait «l’emprise étrangère sur le marché du travail». À cette époque, la xénophobie de la bureaucratie syndicale a engendré les votes de 55 % des membres de l’USS, en 1970, pour la première initiative xénophobe ! 

Meilland fait preuve d’indulgence envers la xénophobie contemporaine. Ses thèses n’aident nullement à susciter et à renforcer l’unité nécessaire entre les exploité·e·s et les opprimé·e·s de ce pays.

Hans-Peter Renk