L’UDC monte une cabale contre les personnes dans l’asile

La dernière polémique de l’UDC autour des personnes dans l’asile a été montée de toutes pièces. Bien qu’il y ait eu rectification, le mal est fait: les propos erronés se sont répandus dans les médias.

Manifestation contre l’UDC
Manifestation « Tout le monde déteste l’UDC », Genève, 18 mars 2023

En ce début d’année électorale, l’UDC a ramené la question de l’asile au cœur du débat médiatique. Fin février, dans deux communes d’Argovie, des locataires ont reçu une lettre de leur commune leur indiquant qu’ils·elles allaient devoir quitter leur appartement afin que des requérant·e·s d’asile puissent y être accueilli·e·s. 

Dans la missive, les autorités prétextent une obligation à se conformer aux directives des autorités fédérales, et notamment à respecter un quota d’accueil par commune, sous peine de sanctions financières. Et les médias, 20 minutes et RTS en tête, ont relayé cette information qui s’est diffusée comme une traînée de poudre.

Or, quelques jours plus tard, d’autres quotidiens investiguent et révèlent que l’histoire repose en réalité sur des mensonges. Première fausse information, la commune a déjà atteint son quota et n’est en rien menacée de sanctions. Seconde erreur, dans l’affaire très médiatisée de la commune de Windisch, le propriétaire des appartements avait en fait décidé de les démolir. C’est en apprenant cette décision que le canton a proposé, en attendant les autorisations pour effectuer les travaux, d’utiliser les appartements vides pour y loger des requérant·e·s d’asile.

Ce sont des élu·es communaux·ales UDC qui ont envoyé aux locataires ces lettres trompeuses, déclenchant une large polémique. Et même si le conseiller d’État UDC argovien en charge de la migration a finalement présenté de pâles excuses (c’est son propre service qui a fait la proposition initiale au propriétaire, au détriment des locataires actuel·le·s), le mal est fait. L’UDC a eu un boulevard pour baver sa rhétorique raciste anti-migrant·e·s, les médias la relayer, et le grand public s’y accrocher.

Un sale jeu de l’UDC qui n’est pas nouveau

L’UDC pratique régulièrement cette technique d’allumer un feu pour pouvoir ensuite crier à l’incendie. Dans les années 2000, Christoph Blocher a mis en place les conditions pour pouvoir dénoncer une prétendue « crise migratoire ». Alors qu’il était conseiller fédéral, il a décrété que les ressources allouées dans le domaine de l’asile le seraient désormais sur la base de 10 000 demandes par année. Un chiffre établi sans lien avec la réalité : des années 1990 aux années 2010, ce sont entre 10 000 et 45 000 personnes qui ont demandé l’asile chaque année, au gré des événements géopolitiques. 

Mais cette base de 10 000 a permis de contraindre les Cantons à supprimer leurs réserves de lits et à réduire les forfaits pour l’hébergement et l’encadrement. Et voilà comment l’UDC peut geindre chaque année que « trop » de personnes demandent l’asile par rapport aux capacités d’accueil de la Suisse.

D’ici aux élections nationales cet automne, il s’agira de rappeler le plus de fois possible qu’un accueil digne de toutes et tous est possible, pour contrer les mensonges de l’UDC !

Aude Martenot