Fonction publique: grève annoncée

Fonction publique: grève annoncée

La dégradation planifiée des conditions de travail suscite le ras-le-bol. Ainsi, les attaques aux mécanismes salariaux, prévues dans le projet de budget 2004, s’inscrivent dans la durée avec le plan quadriennal du Conseil d’Etat. Il faut y ajouter le projet de pilotage des «prestations publiques» (GE-pilote), d’inspiration néolibérale, ainsi que le projet de loi sur le personnel de l’administration cantonale qui annonce la suppression du statut de fonctionnaire. Le mépris et le manque de volonté de négociation du gouvernement vis-à-vis des représentant-e-s des travailleurs de la fonction publique et du secteur subventionné sautent aux yeux. C’est pourquoi, l’Assemblée du personnel du 1er avril 2004 a décidé la grève pour le mardi 4 mai 2004, de 13 h. à 18 h.

Alors que la population de Genève ne cesse d’augmenter et les besoins sociaux de s’accroître, la réponse apportée par le Conseil d’Etat dans son projet de budget et de plan quadriennal est scandaleusement unilatérale. Elle consiste à bloquer les effectifs globaux du personnel au niveau 2004 (à peine le niveau d’il y a 10 ans); à réduire drastiquement les subventions et budgets de fonctionnement; à attaquer les mécanismes salariaux (indexation annuelle, progression de la prime de fidélité, décalage de l’annuité). Ces mesures pénalisent surtout les jeunes. De surcroît, le gouvernement cantonal ne créera qu’une partie des nouveaux postes annoncés en décembre (141 sur 220, dont la plupart existent déjà) et annonce la remise en cause l’accord hospitalier signé en 2002.

Faire plus avec moins

Face à l’accroissement de la population et des tâches qui en découlent pour la fonction publique, on ne répond ni au manque de moyens actuels, ni au ras-le-bol, ni à la fatigue des fonctionnaires. De plus, le plan quadriennal du Conseil d’Etat prévoit que, dans les trois ans à venir, si de nouveaux postes s’avèrent indispensables, il faudra les financer avec les budgets existants. Aux employé-e-s de choisir: augmenter leur charge de travail ou diminuer leur revenu!

La fonction publique se trouve confrontée à des tâches accrues. En même temps, lestées par une conjoncture économique dégradée, par une gestion prédatrice des finances publiques (banque cantonale) ou par une politique systématique des caisses vides (cadeaux fiscaux aux nantis, etc.), les comptes publics plongent dans le rouge. Certains en profitent pour répandre l’idée qu’une nouvelle gestion, calquée sur celle des grandes entreprises et inspirée des critères de rentabilité de l’économie néo-libérale (forte disparité salariale, salaire au mérite, renforcement de la hiérarchie…), permettrait de faire plus avec moins. De la poudre aux yeux de la part d’idéologues qui ne font pas la différence entre service public et profit privé.

Dans la foulée de la dérégulation du travail observée et prônée dans les entreprises privées, voici venir le projet de la droite qui implique la fin du statut de la fonction publique.

Dans ce projet, chaque secteur est appelé à devenir indépendant des autres, avec ses propres accords salariaux et conventions collectives. Plus besoin pour l’employeur de négocier avec l’ensemble du personnel: il pourra à loisir tabler sur le chacun pour soi… Mieux vaudra être du même bord que son chef de service!

Enfin et surtout, la suppression du statut de la fonction publique mettrait fin à la relative garantie de l’emploi, telle qu’elle est définie actuellement par la loi.

Le Conseil d’Etat se moque du Cartel

Les associations représentatives du personnel participent régulièrement à des rencontres avec les représentants du Conseil d’Etat (CE). Et pourtant… les garanties qui avaient été données le 9 décembre ont été balayées par le projet de budget du printemps. Le10 février, pendant près de deux heures, les représentants du Conseil d’Etat se son fait expliquer l’historique des négociations ou ont disserté sur le lexique d’une lettre du Cartel… Aucune réponse n’a été apportée aux questions posées. Nous prend-on pour des guignols? Le 15 mars, une réunion était annoncée au comité du Cartel pour le 17, puis annulée par un courrier reçu le 16. Motif: «la séance s’avérait prématurée».

GE-pilote, «projet d’évaluation stratégique et de pilotage des prestations publiques», l’exécutif cantonal n’en fera part en détail que plus lors des prochaines rencontres… Cela démontre, si besoin en était, à quel point le Conseil d’Etat et la majorité politique de droite montrent peu de considération envers les travailleurs-euses de la fonction publique et leurs représentant-e-s. Les services publics doivent répondre aux besoins vitaux de la population (santé, éducation, transports, etc.), en particulier des secteurs les plus vulnérables.

Andrée JELK

Soutien à la GREVE
du mardi 4 mai 2004, de 13h à 18h

Dès 15h00 rassemblement
à la place Neuve.
Dès 15h.30, MANIFESTATION