Réforme de l’aide sociale: néolibéralisme en marche!

Réforme de l’aide sociale: néolibéralisme en marche!

Ne dit-on pas que l’on mesure le niveau de développement d’une société au niveau de prise en charge des plus défavorisés? Pourtant, le projet de nouvelles normes de calcul en matière d’aide sociale, mis en consultation en pleine pause estivale par la Conférence Suisse des institutions d’action sociale (CSIAS), pose la question de l’appartenance idéologique des membres de cette conférence.

Pour résumer, les nouvelles normes s’inscrivent autour d’une baisse du montant forfaitaire utile à la couverture des besoins vitaux, sur lequel il sera encore possible d’appliquer deux paliers inférieurs de montant.

Elles s’inscrivent dans un axe idéologique de responsabilité individuelle, de renforcement du contrôle et d’incitation à exercer une activité sociale ou rémunérée, ceci sous prétexte de pression fiscale exercée sur les cantons, les communes.

La responsabilité du monde économique…

Cette pression exercée sur les finances publiques n’est que la résultante des cadeaux fiscaux accordés ces dernières années au plus nantis aggravant ainsi les déficits publics au-delà des effets conjoncturels de l’économie.

Les bénéficiaires de l’aide sociale participeront aux mesures «d’assainissement» des finances publiques en voyant leur couverture des besoins vitaux baisser. Réformer le régime de sécurité sociale passe par des incitations de retour à la vie active avec une forte implication de l’économie mais celle-ci joue le jeu contraire. Augmentation du temps de travail, stagnation des salaires les plus bas.

La CSIAS s’appuie sur les modèles les plus libéraux du workfare pour proposer un marché de dupes. Il est donné mission aux agents sociaux de pacifier et de tenir près du marché de l’emploi toute une frange de la population pour maintenir la pression vers le bas des salaires. Cette logique existe également à l’encontre des chômeurs sanctionnés en cas d’efforts jugés insuffisants. Et qui sanctionnera les pouvoirs économiques?

Discussion sur le minimum vital

La couverture des besoins vitaux dans l’aide sociale est aujourd’hui trop attractive et doit donc dépendre de la disposition à s’intégrer. Voici une affirmation qui permet de poser la question: Quelle place notre société crée-t-elle pour s’intégrer?

On peut donc penser qu’il faut mériter son intégration et c’est ici que l’on permet la catégorisation des «méritants» et c’est bien cette logique qui prévaut dans les propositions de la CSIAS. Il est définit trois catégories:

  • les moins méritantes qui refusent toute réinsertion devront vivrent avec Fr. 800.- par mois.
  • Ceux qui s’inscrivent dans un processus d’insertion sociale pourront bénéficier d’un montant plus important mais ce type d’insertion est un échec programmé. Les lois sur le RMR vaudois et le RMCAS genevois l’ont démontré.
  • Les woorking poor qui vivront des boulots les moins gratifiants et les plus mal payés bénéficieront d’une franchise sur leur salaire plus ou moins importante selon le taux d’effort et le lieu de résidence. Cette solution ne représente-t-elle pas une subvention de l’Etat social à l’économie privée?

Que fera-t-on du projet de prestations complémentaires pour les familles mis en consultation par le Département fédéral de l’intérieur? Ce projet juxtaposé à celui de l’aide sociale affaiblira de manière durable la solidarité du système de sécurité sociale en marginalisant un peu plus les diverses catégories de bénéficiaires de l’aide sociale.

S’agissant d’une consultation, solidaritéS et «A gauche toute» devraient se faire entendre…

Jean-Daniel JIMENEZ