Conférence de Beyrouth: ensemble contre la guerre

Conférence de Beyrouth: ensemble contre la guerre

Du 17 au 19 septembre,
250 délégué-e-s venus de
45 pays et représentant
plus de 140 organisations
des mouvements
altermondialistes et
antiguerre se sont
retrouvés à Beyrouth pour
élaborer et débattre de
stratégies communes face
à l’impérialisme et à la
globalisation*.

L’ouverture de la conférence de
Beyrouth, le 17 septembre, coïncidait
au Liban avec la commémoration
des massacres des camps de
Sabra et Chatila, où l’ensemble des
délégués se sont rendus pour
apporter un message de solidarité
aux réfugiés palestiniens. La conférence
était coorganisée par un
comité international issu des mouvements
altermondialiste et antiguerre
et par un comité libanais où
étaient représentées diverses forces
associatives, syndicales et politiques,
dont le Parti communiste
libanais, le Parti socialiste progressiste
et le Hezbollah. Cette conférence
avait pour objectif déclaré de
réunir, enfin, le mouvement antiguerre
international, dont une des
composantes essentielles jusque-là
faisait défaut, en l’occurrence, le
monde arabe.

Le pari est largement gagné
puisque cette conférence a réuni de
larges délégations de Palestine,
d’Irak, du Liban, mais aussi de
Jordanie, d’Egypte, de Syrie, du
Maroc, de Tunisie et d’Algérie, pour
un total de plus d’une centaine de
délégués représentant le monde
arabe. Ces délégations représentant
des organisations politiques, la
société civile, des mouvements progressistes,
mais aussi des mouvements
islamiques, ont pu pour la
première fois depuis des décennies
évalué ensemble, avec le mouvement
international représenté à
Mumbai ou Cancún, la place unique
qu’occupe aujourd’hui le monde
arabe dans la stratégie impérialiste
développée par les Etats-Unis et
leurs alliés. La conférence avait
trois objectifs cadres: évaluer la
situation actuelle à travers l’intervention
de camarades venant des
différents continents et régions du
monde; analyser notre mouvement,
ses forces et faiblesses; tenter d’élaborer
un plan d’action commun
autour de campagnes clés.

Durant ces trois jours, de fructueux
échanges d’expériences ont eu lieu,
tant sur les campagnes contre la
guerre ou contre l’occupation de la
Palestine que sur celles qui combattent
la présence des bases étatsuniennes
partout dans le monde ou
contre l’OMC… De nombreuses
réunions thématiques, entre autres
sur la Palestine et l’Irak, ont permis
d’affirmer une position commune,
tant sur le soutien au droit des peuples
à résister à l’occupation en
Irak, en Palestine ou ailleurs, que
sur la condamnation de l’État
d’Israël et du sionisme comme
idéologie raciste et coloniale. Ces
débats intenses ont aussi permis de
faire le point sur l’état du mouvement
international, sur ses réussites
et ses échecs, notamment contre
la guerre en Irak ou bien encore
contre la globalisation et l’après-
Cancún.

De même, la nécessité de lier et
d’articuler la lutte contre la mondialisation
et la lutte contre la guerre au
niveau mondial est apparue plus
que jamais. Des pans entiers du
mouvement altermondialiste restent
à convaincre. Ce travail devra
être le nôtre lors des prochains rendez-vous des forums sociaux, à
Londres et à Porto Alegre. Bien sûr,
il reste encore de grands pas à faire
et le processus qui a commencé
grâce au Peace Consensus de
Djakarta en 2003, puis lors de l’assemblée
anti-guerre de Mumbai en
2004 n’est pas terminé. Mais un
réseau actif de plusieurs centaines
d’organisations s’est constitué et a
pris acte de sa volonté de construire
ensemble et d’unifier la résistance
mondiale à l’Empire.

Tom RIDE
(tiré de Rouge, n° 2080)

* Les textes de l’appel et de la déclaration
finale de la conférence de Beyrouth sont
à lire ou télécharger sur le site:
<www.focusweb.org>.