Transports publics gratuits: réduire l'usage de la voiture

Transports publics gratuits: réduire l’usage de la voiture

De multiples arguments ont été évoqués afin d’expliquer les raisons pour lesquelles notre mouvement défend la gratuité des transports publics. Tout d’abord, c’est un service public indispensable, que certain-e-s ne peuvent plus se payer en période de difficultés économiques, de chômage et de réduction des prestations sociales. Ceci d’autant plus que le ticket est passé brutalement à 3 francs! Mais c’est aussi un enjeu essentiel du point de vue écologique.

Il faut tout d’abord rappeler l’existence d’un concept cantonal de la protection de l’environnement, adopté par le Grand Conseil le 6 avril 2001, qui coordonne la lutte contre la pollution de l’air et le bruit en préconisant un report important de la mobilité des personnes, du transport individuel motorisé vers les transports publics.

Avec la gratuité des TPG, l’importance du report modal du trafic automobile en faveur des transports publics – et donc de l’augmentation des voyageurs – a été estimée à 20% à 30%, ce qui n’est pas rien quand on prend en compte que selon Madame Stéphanie Fontugne, la nouvelle directrice des TPG, le nombre de déplacements dans le canton devrait croître de 60% entre 2002 et 2020!

Un choc psychologique en faveur de l’environnement

Il est donc urgent de mettre en place un report modal efficace comportant des dispositions contraignantes en faveur de l’utilisation parkings (P+R) pour les pendulaires à la périphérie, voire une interdiction générale de circuler à certaines heures dans l’hypercentre, mais également une mesure fortement incitative en instaurant la mise en place de la gratuité des TPG sur tout le réseau.

La composition de l’atmosphère a subi, durant ces dernières décennies, des modifications importantes avec l’émission massive de gaz à effet de serre. Des prélèvements récents effectués à Genève le montrent bien: la qualité de l’air se dégrade. Les émissions soufrées résultant de la combustion du pétrole ont atteint d’inquiétantes proportions et la pollution atmosphérique urbaine (oxydes de soufre, oxydes d’azote, monoxyde de carbone, hydrocarbures, ozone et particules) a considérablement augmenté.

Pendant la canicule de l’été 2003, le nombre de jours où le seuil de pollution à l’ozone a été approché (180 µg/m3) ou dépassé a battu tous les records antérieurs à Genève et dans la plupart des pays d’Europe. Bien que cela ne nous affecte pas directement pour le moment, il convient ici de rappeler, qu’en Asie, un gigantesque brouillard brun, véritable masse de cendres, d’acides, d’aérosols et de particules, épais de trois kilomètres, perturbe complètement le système de précipitations et menace la santé humaine et la sécurité alimentaire.

En réalité, nous ne sommes pas du tout épargnés par la pollution atmosphérique car, nous aussi, nous souffrons d’étés caniculaires et des effets des pluies torrentielles qui s’abattent sur l’Europe et dégradent les nappes phréatiques. Il est donc urgent d’y remédier et d’inverser le cours des choses, en provoquant un choc psychologique qui inviterait la population à laisser la voiture à la maison pour se déplacer à pied, à vélo ou en utilisant les transports publics.

Des pistes de financement pour un report modal efficace

Une étude de l’Office fédéral du développement montre que dans les grands centres urbains, moins de la moitié des kilomètres sont parcourus avec les transports publics, à vélo ou à pied. L’automobile s’attribue donc la grande part de la mobilité urbaine; une situation qui est très préoccupante. Il est donc tout à fait légitime de proposer, comme l’une des pistes de financement, l’augmentation modulée de la taxe d’immatriculation, en particulier sur les 4×4 et la deuxième ou troisième voiture individuelle dans l’un des cantons qui connaît l’impôt auto le plus bas de Suisse.

Relevons au passage, que le GTE qui représente les milieux économiques n’est pas en reste, puisqu’il suggère une augmentation de 50% de l’impôt auto pour financer la traversée de la Rade, ce qui rapporterait près de 40 millions supplémentaires par an! Mais ceci conduirait aussi à une augmentation significative du trafic automobile… Il nous semble également tout à fait légitime d’affecter une partie du produit des contraventions à cet effet afin d’inviter les automobilistes à bien comprendre les nécessités d’un report modal en faveur des transports publics.

Certes, nous savons bien, que si la gratuité était instaurée, de nouveaux usagers, actuellement écartés pour des raisons économiques, emprunteraient les TPG, et qu’il convient de relativiser le pourcentage prévu d’augmentation du nombre de voyageurs mais si, parallèlement, des mesures dissuasives étaient prises à l’encontre de la circulation automobile, tout laisse à penser que les normes OPAIR et OPB pourraient être enfin atteintes à Genève.

A Genève
et pourquoi pas au-delà?

Indépendamment du cas genevois et de notre initiative, car la qualité de l’air ne s’arrête pas à Versoix, pourquoi donc ne pas imaginer, à l’instar du Conseiller national Zisyadis, que le produit de l’or de la BNS distribué aux cantons romands soit affecté à une amélioration structurelle et tarifaire des transports publics? Ce serait, dans l’esprit du protocole de Kyoto, une mesure efficace en faveur du respect de l’environnement à l’échelon de toute une région, voire du pays entier.

Nous invitons, dans cet esprit, toutes celles et tous ceux qui s’intéressent à un tel objectif et souhaitent mettre en place la gratuité des transports publics à signer et à faire signer l’initiative cantonale encartée, à nous la retourner et à prendre contact avec nous.

Christian ZAUGG