En Italie, les victimes de l'amiante des usines du groupe Eternit se défendent

En Italie, les victimes de l’amiante des usines du groupe Eternit se défendent

Pendant ce temps, en Italie, la pression des victimes italiennes de l’amiante et de leurs proches décédés ne faiblit pas. En janvier 2005, des centaines de dénonciations ont été déposées devant le parquet de Turin contre les industriels suisses Stephan et Thomas Schmidheiny, anciens propriétaires du groupe Eternit.

Un collectif d’avocats a présenté au ministère public de Turin un dossier au nom d’un millier d’anciens ouvriers malades et de proches de défunts. Le nombre de plaignants potentiels atteindrait 1700 personnes. Le procureur Raffaele Guariniello a ouvert une enquête pour homicide par négligence. Les personnes concernées travaillaient dans des sites d’Eternit au Piémont mais ces victimes devraient dans un proche avenir être rejointes par des anciens travailleurs et proches de défunts ayant été employés dans les autres usines italiennes d’Eternit, à Bagnoli, près de Naples et à Syracuse, en Sicile.

La procédure engagée à Turin n’est pas la seule menée en Italie. Une action a également été lancée devant un juge du travail à Gênes. Elle concerne quelque 400 plaignants, en majorité des victimes siciliennes. Celles-ci chiffrent leurs prétentions à près de 180 millions de francs d’indemnités. Les anciens ouvriers d’Eternit rendent le groupe suisse – dont les filiales italiennes avaient été déclarées en faillite en 1986 – responsable des cancers et des maladies respiratoires qui les affectent. Ils se heurtent aux obstacles de la législation suisse qui s’est munie d’un appareil juridique pour faire échec aux plaintes des victimes: le délai de prescription pénale est tel que les travailleurs ne peuvent plus porter plainte puis qu’il échoit 15 ans après le dernier contact avec l’amiante, alors que la maladie se développe vingt à quarante ans après le contact avec les fibres nocives. L’autre obstacle est opposé par la SUVA car la compagnie d’assurance suisse n’indemnise les victimes que deux ans après le déclenchement de la maladie et dans bien des cas, les victimes sont déjà mortes.

De son côté, la famille Schmidheiny tente de dégager sa responsabilité. Le fils Thomas avait repris Eternit des mains de son frère Stephan en 1990 – parti polluer la Planète sous d’autres cieux – puis s’en est débarrassé en la revendant en novembre 2003 au groupe zougois BA Holding AG.

Les patates chaudes passent de main en mains… sans refroidir pour autant! (pi)