Financer la gratuité des TPG

Financer la gratuité des TPG

Les responsables des Verts font preuve de bien peu d’imagination lorsqu’ils s’opposent à la gratuité des transports publics genevois pour des raisons de financement (cf. Le Courrier des 6-7 mars). Le Comité d’initiative a pourtant proposé une série de pistes qui permettraient de défendre conjointement l’environnement et les besoins essentiels de la population, des objectifs que nous devrions partager…

Cela a été dit et répété, on peut estimer à une centaine de millions le coût global de la gratuité des TPG, en tenant compte de l’augmentation de la demande, mais aussi des économies réalisées sur l’émission des billets et des abonnements, sur les contrôles et sur la gestion des amendes, etc.

Par ailleurs, selon une étude récente de l’EPFL portant sur la région genevoise, le trafic automobile contribue pour 30% à la pollution par les oxydes d’azote, contre 20% pour le trafic poids lourds et 20% pour l’aéroport, qui atteint des niveaux alarmants1. Il tombe donc sous le sens, qu’une taxation plus forte des transports automobiles et aériens les plus polluants, mais aussi les moins prioritaires socialement, devrait permettre de contribuer à financer la gratuité des TPG.

Envisageons quelques mesures simples et chiffrons-les:

  • Une augmentation immédiate d’un tiers des recettes de l’impôt auto, qui est deux fois moins cher à Genève qu’en moyenne suisse – en accentuant fortement sa progressivité en fonction de la cylindrée – pourrait rapporter 25 millions de plus par an.
  • Afin de financer le développement du réseau TPG à moyen terme, on pourrait aussi envisager de poursuivre cette hausse de façon progressive –
    + 5% par an – jusqu’à concurrence de la moyenne suisse, ce qui rapporterait chaque année 5 millions supplémentaires pendant 10 ans.
  • Une augmentation d’un tiers de la taxe d’aéroport de Cointrin, qui passerait ainsi de 16,25 à 21,65 Fr. par passager – acquittée par les 8,6 millions de voyageurs par an – pourrait dégager 47 millions (elle s’établirait ainsi au niveau de celle de Kloten, tout en restant 3,5 fois inférieure à celle de Heathrow à Londres).
  • Une taxe supplémentaire de 5 Fr. par jour, sur les 2,5 millions de nuitées hôtelières, qui bénéficieraient pleinement de la gratuité des transports, rapporterait 7,5 millions.
  • Les 20,5 millions restants pourraient être couverts pour moitié par le canton et pour moitié par les communes.

Les gains de la gratuité des transports publics, en termes de solidarité, de qualité de vie, de protection de l’environnement et de santé publique seraient incalculables. Pourquoi devrait-on renoncer à en concevoir le financement par des mesures socialement et écologiquement justes? (jb)

  1. Buchard, V. Helfer, P. & Mattle P. Muller C., «Etude de la Pollution Atmosphérique Transfrontalière – EPAT 2000, Genève – Haute-Savoie», Lausanne, novembre 2000 http://lpas.epfl.ch/lidar/didactic/EPAT2000/EPAT2000extended.pdf.