PDC et Radicaux blochérisés

PDC et Radicaux blochérisés

Au lendemain du vote des Etats concernant les lois sur l’Asile (LAsi) et sur les Etrangers (LEtr), Christoph Blocher se félicitait dans une interview (24H/TdG) de son «jour historique» matérialisant le «résultat des dernières élections fédérales». Il y avait de quoi: il a fait passer toutes ses positions de durcissement des deux lois, allant
au-delà même de la position du Conseil fédéral, en les parachutant dans la Chambre des cantons en violation des règles parlementaires.

Au-delà des résultats des élections nationales et des 27% de l’UDC, il a réussi à aligner démocrates-chrétiens et radicaux, au garde à vous face aux positions de l’UDC. Comme la conseillère aux Etats radicale genevois Françoise Saudan, qui a voté ses positions au nom de «l’inquiétude diffuse mais réelle au sein de notre population, face à des situations non maîtrisées en matière d’accueil humanitaire» qui selon elle «rendent cette révision urgente si nous voulons éviter de perdre la confiance de la population». Elle a soutenu la prise en compte des «signes envoyés par la population» comme «le rejet de la naturalisation facilitée et l’acceptation de l’internement à vie» quitte à faire passer par-dessus bord comme considération «annexe»… le respect des droits humains.

Jusqu’au PS qui, par la voix de Christiane Brunner, plaidera contre le durcissement de la LEtr, au nom de la «logique» même de cette loi, sur laquelle son parti est entré en matière. Par exemple au sujet de la suppression du droit au permis d’établissement au bout de 10 ans de résidence: «Avec le système binaire qu’on introduit, seules les personnes qualifiées qui sont indispensables à notre économie sont admises à travailler en Suisse. Ce principe veut que l’on serre la vis à l’entrée en n’acceptant que les grands spécialistes, les cas exceptionnels, et que l’on lutte contre les abus, que l’on durcisse les sanctions en cas d’infractions. Mais une fois que la personne étrangère satisfait aux exigences très strictes de la loi et qu’elle est admise en Suisse sur la base de ces exigences…» elle doit bénéficier «de droits précis» dira-t-elle.

Dans son interview, Blocher poursuit en fustigeant l’opposition des Eglises, priées d’en rester à leurs prêches. Il explique sa logique négationniste concernant l’existence des NEM refoulés… vers la clandestinité. Pour lui, 80% d’entre eux «ne sont plus ici» depuis le 1er avril. En effet, ces personnes: «la police ne les a pas vues, elles ne reçoivent plus d’aide, elles n’en demandent pas»!

Les camps? Ça vient…

Et si «la création de camps en Suisse» n’est pas à l’ordre du jour immédiat «cela le deviendrait si nous avions à nouveau un fort afflux, à la suite d’une crise» mais en attendant – dès la loi bouclée – on travaillera «de concert avec d’autres pays européens» à mettre sur pied de tels «structures» à l’étranger, par exemple en Libye.

Au lendemain de la parution de cette interview l’éditorialiste et rédacteur-en-chef du Matin-Dimanche Michel Danthe en rajoutait, la journée historique de Blocher devenait une «Divine surprise» que «la population et tous les gens de bon sens attendaient.» Il se réjouit de voir le Conseil national emboîter le pas en juin, mais écrit-il: «Dans l’entre-temps, le Conseil fédéral et les députés auront à résister aux cris (parfois hystériques) que poussent déjà tout ce que la Suisse compte de juges, de pasteurs, de curés, de journalistes, d’éditorialistes, d’assistants sociaux et de sensibilités de gauche, que ces nouvelles inflexions révulsent. Sans pour autant, c’eût été trop beau les faire tomber en catalepsie.»

C’est Blocher l’«étranger» dangereux!

Face à cette déferlante, il n’y a qu’une réponse: résister de front. Se battre sur un axe ferme de défense des droits humains, des droits économiques et sociaux, des droits syndicaux et politiques, des libertés individuelle pour toutes et tous et, surtout, se battre pour répondre aux problèmes réels de la population en matière d’emploi, de logement, de santé, de formation, d’impôt… Toutes questions escamotées par la campagne xénophobe massive de l’UDC blochérienne, de ses acolytes et de ses complices qui mettent en scène d’un côté des «Suisses» et de l’autre des «étrangers» plus ou moins «bons» ou mauvais. Alors que ce qui structure notre existence sociale c’est bien les inégalités en termes de propriété, de revenu, de pouvoir… la division en classes sociales. De ce point de vue, pour la majorité de la population, les «étrangers» véritables, parasites et dangereux… ce sont le milliardaire Christoph Blocher et ses pairs.

Enfin, n’ayons pas d’illusions. Au lendemain du 18 mars le PSS écrivait dans un communiqué que les élus du Conseil national, en juin, avaient le devoir de «réparer les erreurs de leurs sénateurs.» Or il n’y a ni «erreur» ni malentendu, il y a une offensive bourgeoise xénophobe et réactionnaire à laquelle la réponse ne peut être que de travaller à une mobilisation populaire. Le référendum est programmé!

Pierre VANEK